mardi 29 décembre 2009

Bilan 2009

Mon année 2009 a été une année bien pleine.
Les points positifs furent mes différents courses où j'ai rallié l'arrivée. J'ai effectué mon premier marathon, mon premier triathlon distance olympique, mon premier ultra marathon et mon premier ultra trail. Je suis devenu un marathonien, un ultramarathonien, un triathlète, un traileur. J'ai surmonté les défis qui me semblaient être impossible. J'ai repoussé en permanence mes limites physiologiques et psychologiques. J'ai beaucoup appris sur moi même à travers la pratique des sports d'endurance.
Les points négatifs de cette année furent la tendinite au talon d'Achille et la chute en vélo qui ont chamboulé mes plans de préparation pour le marathon et Millau. Par moment ces blessures m'ont sapé le moral.
J'espère qu'en 2010 je vais moins galérer. J'ai appris de mes précédents erreurs de préparation, je gérerais mieux mes entrainements et en principe mes performances seront meilleurs (je rentrerai plus tôt de mes ultras :).
J'ai connu des hauts, les moments d'allégresses d'après courses, lorsque j'ai atteint la ligne d'arrivée. Et des bas, les moments entre deux courses. J'ai connu une grosse perte de motivation après Millau, je n'avais plus envie de courir, de faire des efforts, j'en avais marre de mes entrainements, c'était ma période de crise existentielle en cap. Le dernier trimestre de 2009 était laborieux, ma dernière course l'Origole m'a redonné de la motivation d'un côté mais d'un autre côté m'a complètement vidé.
Comme je n'ai plus de tendinite, je vais pouvoir effectuer un travail d'intensité et de qualité. Je vais davantage inclure du renforcement musculaire des jambes, j'en ai marre que mes jambes me lâchent en course sans que je ressens la moindre fatigue.
Ma vie de coureur est comme ma vie, des hauts, des bas, mais au final les choses positives emportent et me poussent à avancer, à faire des efforts et à réaliser mes rêves.

Bilan :
Natation : 191 km
Vélo : 611 km
Cap : 1400 km
Mon kilométrage en course à pied n'a fait que décroitre au cours de l'année.

Bonne fin d'année !

lundi 28 décembre 2009

Récap des dernières semaines : repos

Mon blog est aussi actif que moi dernièrement. Depuis un certain temps, je suis en repos. Surtout que dernièrement j'ai du attraper la grippe, la semaine dernière j'étais cloué au lit pendant 3 jours avec de la fièvre.
Mon corps est en jachère, je reconstitue mon capital de motivation, mes muscles se renouvellent. Ma période de récupération me permettrait d'entrer dans un nouveau cycle de préparation et de défis.

jeudi 17 décembre 2009

Paris au ralenti

La neige est arrivée, la circulation est au ralenti, les voitures roulent à la même vitesse que les escargots qui font leur sortie matinale.
En vélo avec le défilement des flocons de neige, j'ai l'impression d'être sur le Faucon Millénium en hyperpropulsion.
Un beau temps pour faire une sortie longue :).

mardi 15 décembre 2009

Le geste parfait

Je vais profiter de ma période de repos en CAP pour améliorer ma technique de nage.



La respiration parfaite de Ian Thorpe, une technique avec tête haute et une respiration dans la vague (énorme la vague qu'il crée) :
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dimanche 13 décembre 2009

Récap semaine du 07/12 au 13/12 : repos

Après l'Origole, mes jambes étaient hors service pendant plusieurs jours, mes chevilles étaient gonflés pendant 3 jours. Mes orteils me faisaient mal pendant 5 jours, j'ai du taper dans des rochers, des branches et les descentes font cogner dur les orteils dans les chaussures.
Je suis entré dans une période de repos, je suis épuisé par tous mes défis cette année. Il est temps de donner un peu de repos à mon corps. Je reprendrai l'entrainement début l'année prochaine avec en ligne de mire l'IronMan de Nice et surement un ultratrail d'au moins 100 km pour la deuxième partie de l'année.
Pendant ma période de repos, il ne faudrait pas que je me lâche trop au niveau diététique, je pèse pour instant 74 kg (1m77), un IMC de 23.6, très loin d'un IMC d'athlète de longue distance. Je viserai un poids de 72kg en juin 2010.
Sinon cette semaine j'ai effectué deux séances de natation pour environ 3,5km.

mercredi 9 décembre 2009

Unifier son corps et son esprit pour atteindre l'arrivée

La phrase générale proclamée est « le combat contre soi même » lorsqu'il s'agit de relever les défis, il faut vaincre soi-même pour aller plus loin. Mais est-ce qu’il faut vraiment se battre contre soi-même ?
Je pense que nous ne nous battons pas contre nous-mêmes, nous nous battons contre les éléments extérieurs, notre "soi", nous aide à surmonter les difficultés. Pour vaincre, il faut faire en sorte que son corps et son esprit s'entraident, il faut unir son psychique et son physique pour atteindre l'arrivée. Il faut arriver à se mettre dans un état où le corps et l’esprit sont en harmonie.
Dans ce récit, je vais vous partager mon expérience de trail de nuit, une expérience inoubliable, à vivre. Je vais également essayer de montrer que le principal combat dans une course de longue distance n'est pas un combat contre soi mais un combat contre les éléments extérieurs.

Pourquoi ?

Quand on s’élance sur des épreuves aussi dures, on nous demande souvent pourquoi ? Ma réponse générale est que les coureurs ont besoins de sensations fortes, ils ont besoin d’éprouver la souffrance pour se sentir vivre. Mais bon c’est encore une réponse de bois … Pourquoi je me suis aligné sur l'Origole, un trail de 75km et 2000m de dénivelé ?
Un mois après les 100km je suis allé voir la liste des courses qualificatives pour l’UTMB (166km, 9000 D), j’ai repéré les trails en Ile de France et je suis tombé sur l’Origole, je me suis dis super, en plus une partie de l'inscription est reversée au Téléthon c'est formidable , une course qui allie le défi à la solidarité!
L'Origole est une course qui permet d'avoir 2pts (il faut 4pts pour être qualifié à l'UTMB), à 1h de transport et en plus un trail de nuit, je suis curieux de savoir comment je me sens lorsqu’on coure la nuit sans dormir; je me disais 75 km, c’est 25km de moins que Millau, ça sera dur mais pas trop. Je suis également curieux de voir les effets de la sollicitation de son organisme en enchaînant les ultras avec si peu de repos (mieux vaut faire des conneries quand on est encore « jeune »)… De l’inconscience à l’état pur, un trail est différent d’une course sur route et nécessite une préparation spécifique (courir avec un sac à dos, courir sur des parcours vallonés).
Début novembre j’envoie mon inscription. Je ne savais pas que ma reprise de la course à pied après Millau serait laborieuse (manque de motivation, fatigue, charge de travail …). Avant de m’élancer sur l’Origole j’ai effectué 42km de natation, 330km de vélo et 63 km de course à pied sur terrain plat et stable. De plus le week end précédent l’Origole, j’ai une baisse de forme, maux de gorge, fatigue, impossible d’aller m’entrainer de tout façon les séances à une semaine d’une course ne servent à rien, donc j’ai décidé de me tout miser sur une préparation mentale (confiance en soi, motivation, gestion des doutes, concentration). Pendant une semaine j’ai banni le mot abandon de ma tête, j’ai effectué beaucoup de projection mentale, je visualisais ma stratégie de ravitaillement et de gestion d’effort.
Il est parfois difficile de tout rationnaliser, comme dirait un certain Pascal : "le cœur a des raisons que la raison ne connaît point".

Prologue

Samedi après avoir pris un plat de pâtes et de dinde, je prends le train pour aller à Le Perray. J’arrive vers 20h30, le gymnase est déjà bien rempli. J'effectue la vérification de matériel, je récupère mon dossard et je pars me changer, c'est la première fois que j'ai eu l'occasion de me changer calmement dans un vestiaire avant une course.
La préparation dans le vestiaire, me rappelle mes compétitions en karaté, où l'enfilement des protections, du kimono et de la ceinture me permet de rentrer petit à petit dans un état d’esprit de guerrier. C’est un moment intense, je quitte mon costume de personne d’ordinaire pour revêtir le costume de guerrier qui est prêt à tout affronter.
Je me prépare calmement, j'enfile mon collant de course, je prépare mes pieds, j'enfile mes hauts, je vérifie mon sac. Puis je me place dans le gymnase, en attendant le départ je fais des étirements, je respire calmement. A 20 min du départ, c'est le début du brieffing, le speaker annonce des conditions difficiles avec des risques de pluie, beaucoup de boue, beaucoup de vent et de la distance de la première boucle qui fait environ 30km. Je suis concentré, j'attends le départ avec impatience. Mon esprit et mon corps sont prêt à aller au combat.
Le parcours de l'Origole est composé de 3 boucles : 30km (élimination après 4h30 de course) 25km (élimination après 9h30) et 20km, le ravitaillement a lieu à la fin de chaque boucle, il faut être en autonomie sur chaque boucle.

1ere boucle (30km, 700 D) - Le combat contre la boue

Peu après 22h le départ est lancé, le début du parcours se fait en ville sur bitume puis peu à peu nous rentrons dans les sentiers humides et boueux.
Courir la nuit est magique, tout est complètement différent. Les sensations ne sont pas les mêmes que sur route et en plein jour. Nos sens fonctionnent différemment, en trail, le toucher est prédominant, à travers les plantes des pieds on ressent la variation du terrain : terre meuble, boue, feuille, cailloux, … la kinesthésie est fortement présente. La vision est rétrécie, le paysage est composé d'ombre et de contour, seul les quelques mètres devant éclairés par la frontale sont visibles. L'ouïe est plus développée, on entend les branches craquées, les bruits dans les pénombres. L'odorat est plus développé, on sent la fraîcheur de l'air, on sent la douceur de l'humus et l'herbe fraîche. La course en nature nocturne nous fait entrer dans un autre univers.
Notre état d'esprit est également différent, il faut constamment rester concentré, rester dans la course. Lors d'une course sur route, on peut se mettre en mode de pilotage automatique et on laisse l'esprit vagabonder. Dans le trail, il faut être en harmonie avec la nature, la moindre inattention peut couter cher, dès que je divague un peu, je trébuche sur une branche, sur un gros cailloux ou je rate mes appuis dans la boue. Il faut constamment être "ici et maintenant".
Dès le départ, le peloton de cyclopes part à vive allure, je me retrouve rapidement en dernier, ce qui me permet de profiter du spectacle de la file de coureurs avec les frontales. Je décide d'être prudent, je surveille mon cardio, je ne mets pas dans le rouge, je reste calme et relaxé, la course est longue et j'avance à mon rythme, je ne m'affole pas, tôt ou tard je remonterai la file de coureurs.
Mon allure prudent me permet d'effectuer mon apprentissage du trail nocturne, je dois m'habituer à courir dans ces conditions inhabituelles, je m'habitue petit à petit au terrain. J'apprend également à me répérer avec le système de balisage, les rubalises, les repérer au loin avec ma frontale pour avoir une idée du chemin à prendre. Je cours pendant un long moment avec le "coureur balai" ou encore " le serre file ", c'est à dire la personne qui ferme la route et suit la dernière personne. Ainsi j'ai pu avoir quelques échanges sympathique avec le serre file, un personnage connu dans le monde la course à pied dont je ne connais pas le nom, cela fait 35 ans qu'il pratique la course à pied, et moi je n'ai même pas encore 30 ans... Pendant 5-6 km le parcours est très roulant et je suis étonné du rythme de la course.
Environ une demi heure après le départ, je me fait piéger par une flaque de boue, mes jambes s'enfoncent je perds l'équilibre et je me rattrape avec les mains, mes gants sont trempés, je les retire (heureusement qu'il faisait chaud). Désormais je ferai plus attention à la boue, c'est l'apprentissage par erreur.
Au bout de 45min, quand le terrain commence à monter et descendre que je remonte les coureurs petit à petit.
Au fur à mesure que nous avançons la boue devient de plus en plus importante, les bosses commencent à se succéder. La première boucle est dure, car il faut s'habituer à courir dans la boue, les appuis glissent continuellement. Les mini-guêtres me protègent bien, je ne crains pas de m'enfoncer dans la boue, j'ai également bien lacés mes chaussures au départ. Certains coureurs perdent leurs chaussures et les cherchent en creusant dans la boue, ça doit être pénible de courir les pieds trempés.
Je respecte ma stratégie d'alimentation prévue, je mange tout les 30min, je bois fréquemment sans avoir soif. Il ne fait pas très froid, l'atmosphère est humide, la pluie est éparse et ne dure jamais très longtemps, de temps en temps la lune nous tient également compagnie. Après deux heures de course, la file de coureurs s'étend et je découvre avec plaisir le bonheur de courir seul dans la nuit, parfois j'éteins ma frontale et j'essaie de me fondre complètement dans la nature avec la lumière de la lune.
La première boucle fait tout de même 700m, les montées et les descentes sont courtes et raides, c'est très traumatisant pour les jambes au bout de 3h je commence à sentir mes mollets, je frôle à chaque fois l'état de crampes lorsque je force un peu trop, le manque de préparation physique me rattrape, le sol boueux ne m'aide pas non plus à économiser mes jambes. Je marche quand le terrain est gras ou quand le dénivelé est fort, j'effectue des relances rapides quand c'est possible. Je continue de remonter petit à petit les coureurs. J'encourage mes jambes de ne pas me lâcher, je les parle à haute voix et mentalement, je les supplie de ne pas me lâcher. Je me sens bien, je ne suis pas fatigué, je n'ai pas de sommeil, seul l'état de mes jambes me préoccupe.
Vers 4km de l'arrivée de la première boucle, je n'ai plus d'eau, mais comme je me suis habitué à faire des sorties longues sans boire, je ne suis pas inquiet. On quitte la forêt, sur la plaine le vent est glacial et fort, le sol est boueux.
Après 4h de course, le spectre de l'élimination me poursuit, mentalement je sens toujours bien, je ne suis pas fatigué, mes jambes commencent à être douloureuses, je ne veux pas me faire éliminer dès la première boucle, ça sera trop frustrant, je ne suis pas venu pour me faire éliminer. J'accélère mon allure lorsque le terrain le permet et dès que le bitume recommence à apparaitre, je sprinte tant pis si au niveau de la fréquence cardiaque je suis dans le rouge, l'objectif est de pouvoir repartir est plus important.
J'arrive au gymnase essouflé après 4h29min32s à la limite de la barrière horaire de départ de la deuxième boucle, il est 2h30 du matin, je demande immédiatement si je peux repartir. On m'annonce que la barrière est repoussée à 4h45 de course (2h45 du matin), car les conditions sont dures, je pousse un soupir de soulagement, je reprend petit à petit mon souffle et mon esprit. Je remplis ma poche d'eau en ajoutant quelques cuillères de miel, je recharge mon ravitaillement, je prends deux gobelets de soupe, des verres de coca, je change mes hauts qui sont complètement trempés. Avant de partir je change les piles de ma frontale, avec la fatigue, j'aurai besoin de la pleine puissance pour la deuxième boucle où je risque d'être seul la plupart du temps. Je n'ai pas le temps de changer de chaussettes de tout façon vu l'état de mes chaussures avec de la boue partout, cela ne sert à rien. Je quitte le gymnase à 4h45, prêt à affronter la deuxième boucle. Mes jambes deviennent dures, mais ils ne me lâchent pas, mon esprit encourage mon corps et ce dernier répond positivement. J'ai gagné le premier round.
Je repars en marchant. La prochaine barrière horaire est à 7h30 du matin (9h30 après le départ). Il me reste environ 4h45 pour faire 25km. Je suis toujours debout, je suis toujours prêt à affronter les prochaines difficultés. Je suis toujours confiant dans mes capacités d'arriver au bout.

2eme boucle (25km, 1000 D) - Le combat contre les bosses

Après avoir quitté le gymnase, je trottine tout doucement, au bout d'un moment, un coureur me rattrape, on fait un bout de chemin ensemble, et puis petit à petit il me lâche. J'ai besoin du temps pour digérer mes soupes et pour récupérer après mes efforts pour terminer à temps la première boucle, il m'a fallu 1h pour que je retrouve mon rythme et à partir de ce moment je rattrape les coureurs qui ne sont pas dans un bel état. Les montées et les descentes se succèdent à l'infini. C'est tellement raide que parfois je dois parfois utiliser les mains, les descentes sont tellement glissant qu'il faut descendre en biais.
Il y a si peu de coureur que j'ai l'impression d'être tout seul dans la forêt, par moment les rubalises flottant dans le vent me donnent l'impression qu'il y a un coureur devant. J'apprécie cette solitude dans la nuit calme. Mais sur l'Origole on ne revasse jamais longtemps, les difficultés s'enchainent et les douleurs me rappellent à la réalité.
Dans certaines montées je m'arrête pour m'étirer sinon des crampes me clouent au sol, j'encourage mes jambes de ne pas me lâcher, je leurs fait des louanges, "vous êtes magnifiques, formidables, j'ai vraiment de la chance de vous avoir … ". Je supplie mon corps de ne pas me lâcher, il faut qu'il m'aide à arriver avant la barrière horaire. Je me traine tant bien que mal, je me fixe des objectifs à court terme : monter la prochaine descente puis redescendre à fond, puis je me remotive à remonter une autre pente et de faire des relances quand c'est possible. Je ne perds pas l'espoir de repartir pour la troisième boucle. Tant que je n'ai pas la certitude d'être éliminer j'avance.
Après d'interminable montées et descentes, je croise des bénévoles qui m'indiquent qu'il reste 10km et que le parcours est moins vallonné. Il me reste environ 1h30, je me suis dis que c'est faisable, il faut y croire, il ne faut pas que je laisse tomber, une nouvelle énergie m'envahie. Je dois poursuivre mes efforts. Les montées me coupent le souffle, les descentes me coupent les jambes.
A environ 4km de l'arrivée, je rencontre Nicolas qui a un coup de barre, je lui préviens que la barrière de temps est franchissable et que nous pouvons le faire, le plus dur est derrière nous, c'est bête de se faire éliminer si près du but. On se motive, on court quand le terrain est propice. L'esprit d'entraide et de solidarité fait parti des courses de longues distances.
Arrivés en ville, les routes se succèdent sans fin, le gymnase tarde à venir, on commence à marcher, je commence à baisser les bras, je suis las, la fatigue me rattrape, le spectre de l'élimination est au dessus de mes épaules. Puis après un tournant on aperçoit le gymnase, ma motivation revient, j'accélère, je fait les derniers efforts, on atteint le gymnase après 9h36min30s (7h36 du matin), je ne sais pas si on peut repartir ... Et là on nous annonce que nous avons 10 min pour nous ravitailler, quel soulagement (se faire éliminer pour 6 min serait terrible!) les barrières horaires ont été repoussé de 15min. Je remplis ma poche d'eau, je prends une soupe, j'avale quelques quartiers d'orange, je charge mon sac de barre de céréales (je n'ai plus de compotes et de gel), je change mon haut puis j'attrape un pain au chocolat avant de repartir.
Nicolas m'attend et nous repartons ensemble pour affronter la dernière boucle, à deux nous serons plus vigilent pour repérer les rubalises et le temps passera plus vite. Le soutien moral est essentiel lorsque notre organisme est poussé à bout, la solidarité est indispensable pour atteindre l'arrivée. J'ai encore gagné le deuxième round, il suffit maintenant de gérer, de supporter la fatigue et les maux de jambes. Il faut maintenant encaisser sans tomber.
Le plus dur est fait, il reste seulement 20km, une petite sortie longue …

3ème boucle (20km, 300 D) - Le combat contre les rigoles

Le soleil se lève, la ville s'éveille petit à petit, nous rencontrons des promeneurs, des vététistes. La pluie commencent à faire son apparition sans être genante au contraire elle rafraîchit nos esprits.
Je ne ressens aucun sommeil, j'ai l'impression d'avoir passé une bonne nuit, ma tête est lucide, mais mes jambes beaucoup moins, elles sont aussi souples que les branches mortes. Dans les premiers kilomètres nous arrivons à courir, nous avons un bon rythme puis peu à peu ça se dégrade, la sortie longue devient peu une longue randonnée entrecoupé de moments de course. Les dix premières kilomètres de la dernière boucle sont bien avalés, mais les dix suivants ressemblent à un bagne.
Au fur à mesure que nous nous enfonçons dans la forêt, nous devenons moins lucides. Parfois nous perdons la trace du chemin.
Les rigoles deviennent des difficultés à surmonter, en début de course, les rigoles c'était " finger in the nose", on fait un joli saut et c'est bon. Mais après 10h de course, avec les jambes endolories et raides, chaque rigole de traversé est un exploit, une victoire.
Même si je ne ressens pas le sommeil, la fatigue me fait confondre des branches, des arbres pour des gens. J'espère à chaque fois rencontrer les bénévoles qui nous annonceront qu'il ne reste que 5km à faire.
Le paysage devient monotone, des arbres partout, des fougères séchées partout, encore des montées, des descentes, des rigoles, de la boue, on impression de trainer des kilos de boue sur chaque chaussure. Je ne fais plus attention où je mets les pieds, tant pis pour l'eau et la boue, du moment où j'avance…
Même si mes jambes me font souffrir j'ai tout de même de la chance de pouvoir courir, vivre de formidable aventure, j'ai une pensée envers les personnes atteintes de myopathies, j'espère qu'un jour un remède leur donnera la possibilité de courir.
Qu'est ce que les dix dernières kilomètres étaient longues ! Je commençais à avoir faim, mais je ne peux plus avaler les barres, le sucré m'écœure. Heureusement que nous étions deux pour se motiver à avancer.
On marche, on court, on marche, on court … Je me retrouve encore une fois en errance chez Hadès, mais cette fois-ci c'est plus encore plus réaliste, avec le froid, l'humidité, le sol boueux, le paysage automnal et la végétation sans fin …
Après 4h d'errements matinale, nous revenons enfin à Le Perray, à quelques centaines de mètres de l'arrivée, nous décidons de courir pour terminer la course en beauté.
A 11h47, après 13h47 de course, nous atteignons le gymnase, les bénévoles nous congratulent, nous voilà devenus finishers de l'Origole! Quel soulagement! Je suis arrivé avant dernier des finishers, 110ème sur 111 finishers (près de 60% d'abandon). La solidarité a encore remporté une victoire. Nicolas sera également présent sur l'Ecotrail de Paris. Merci pour ton aide, Nicolas.

Épilogue

Pour mon premier ultra-trail, je m'en suis pris plein la figure… Cette dernière course de l'année m'a achevé. Je suis vidé. Je n'ai jamais vécu une épreuve aussi dure et aussi intense.
Cependant je suis heureux d'avoir fini cette course, d'avoir su gérer les moments difficiles et d'aller puiser au fond de moi-même pour ne jamais abandonner ou me faire éliminer.
Malgré une préparation quasiment nulle, j'ai pu entretenir ma motivation pour terminer l'Origole. A aucun moment l'abandon a traversé mon esprit. A aucun moment la flamme qui me poussait à avancer ne s'est éteinte. J'ai supplié, exhorté, encouragé mon corps à avancer et ce dernier a aidé mon esprit à rester combattif et positif.
Mon esprit et mon corps se sont unifiés pour m'aider à surmonter les difficultés, à vaincre les barrières horaires et à vaincre le dénivelé, la boue et les conditions météorologiques.
L'Origole est une course merveilleuse à taille humaine (environ 500 coureurs pour le 30km et le 75km), nous sommes loin des courses de masse où les marques se mettent en avant. L'organisation est impeccable, les bénévoles chaleureux et généreux. J'espère que l'édition de nuit pourra se maintenir dans les années à venir. J'ai beaucoup apprécié cette course, j'ai bien rigolé :-).

En analysant ma course je pense que j'avais fait le maximum, j'ai donné tout ce que j'ai pu, je n'ai fait aucune erreur dans ma gestion de course, dans ma gestion de ravitaillement (je n'ai pas connu de fringale) et dans ma gestion du matériel. Sur mes précédentes courses j'avais toujours des regrets sur certains points, là j'ai le sentiment d'avoir effectué la course parfaite. Je ne pouvais mieux faire.

J'ai franchi une nouvelle étape dans ma pratique de la course à pied avec l'Origole, je sais désormais mieux gérer mes ravitaillements et mes moments de faiblesses. Mais des questions surgissent, ce que je fais est bénéfique pour ma santé ? Mon corps ne peut être continuellement poussé au bout, quelles seront les conséquences à longue terme ? Quelles sont les limites à ne pas dépassées ? Je pense que ma pratique de la course à pied est à la limite du raisonnable. Mais j'ai besoin d'expérimenter pour mieux me connaître.

A J+3, les douleurs aux jambes s'estompent, je peux recommencer à marcher normalement. Je vais désormais prendre quelques semaines de repos …

Pour mon prochain ultrail je retrouverai mon compagnon de route Gilles (tu avais raison de dire que l'Origole c'est plus dur que Millau) sur la tour Eiffel ;-). Et comme j'aime me challenger je vise 10h pour l'Ecotrail (je surestime toujours mes capacités :-).



lundi 7 décembre 2009

Séance de pédicure

Pour bichonner mes pauvres orteils j'ai effectué une séance de pédicure. J'ai eu des hématomes sous-ungéal (ongle rouge) important, mes gros orteils sont bien gonflés. J'ai décidé de les percer, je n'ai pas de choix cela me fait trop mal. Je vous partage ma séance de soin spa des ongles :), car peut être qu'un jour vous en aurez besoin également.

Matériels :
- trombone (de préférence), j'ai essayé avec une aiguille ça ne marche pas très bien
- briquet, plaque à gaz
- lunettes de soleil

La première étape consiste à faire chauffer le trombone jusqu'à ce que le bout devienne rouge (2-3 minutes) mettez les lunettes de soleil, sinon vous risquez de rien voir quand vous visez l'ongle.
Ensuite retirer les lunettes et viser l'endroit que vous avez prédéfini.
Comme j'effectue cette opération pour la première fois, je suis allé petit à petit, c'est pas évident de forcer sur son ongle avec un trombone chauffé à rouge ! Je me suis pris à 6 ou 7 reprises pour pouvoir le percer (au début j'étais ébloui par la flamme, puis j'ai mal visé le trou déjà commencé ...). La structure de l'ongle est la même que celui des cheveux (kératine), l'odeur dégagé lors du perçage est la même que quand on brûle quelques cheveux.
Ne craignez pas le trombone chauffé, le sang écoulé va le refroidir immédiatement.
L'opération a l'air "barbare" mais c'est indolore ! ! On ne sent rien du tout ! Et le soulagement est immédiat.



Origole J+1

Merci pour vos encourageants et vos mots de félicitations.
Dur, dur la journée suivante, déjà que j'avais un mal fou après la course à me déshabiller, à prendre la douche, à m'habiller et à aller prendre le train, le métro.
Le réveil ce matin a été douloureux, il m'a fallu quelques minutes pour me mettre debout, trainer mes jambes pour prendre le petit déjeuner, me laver était un sacré défi. Je suis incapable de me baisser pour ramasser un objet tombé par terre. Mettre un pantalon, enfiler mes chaussettes et mes chaussures c'est très amusant, monter sur le vélo et descendre de vélo aussi (je peux par contre pédaler à faible vitesse sans problème).
Tous les muscles de mes jambes me font souffrir, les muscles des plantes de pied, des orteils, les adducteurs, les quadriceps, une partie des abdos ..., ils me rappellent que j'ai trop fait la fête ce week end.
Pour instant les douleurs musculaires masquent les autres douleurs mais en principe je n'ai pas eu de blessure au niveau des tendons et des ligaments.

Sinon au niveau du résultat officiel mon temps est de 13h47min mon classement 109/110 sur 113, avec un partenaire de course, nous avons fini ensemble, nous avons partagé de longs kilomètres ...Le pourcentage d'abandon est proche de 60% cette année.

dimanche 6 décembre 2009

L'origole : j'ai tellement rigolé que j'ai mal partout

Je suis allé au bout de moi même pour devenir un finisher de l'Origole ! Je finis dans les 10 derniers, mais qu'est ce que je suis content d'avoir fini ! Courir de nuit est vraiment magnifique, une expérience à vivre.
J'ai bataillé pendant 13h50, de 22h00 du soir à 12h, midi le jour suivant. Chaque boucle était un combat contre le temps. Les barrières d'horaire sont durs !
Comme prévu le terrain était très gras ! Dur de maintenir ses appuis, tous les muscles sont sollicités. Le terrain est vallonné.
A cause de la nature du terrain, mes jambes sont douloureuses, beaucoup plus qu'après le marathon et qu'après Millau. Pour moi c'est la course la plus dure que j'ai vécu. C'est comme faire 3 fois les 25 bosses avec de la boue !
En fait courir de nuit ne donne pas envie de dormir, comme pour les jambes c'est après la course, lorsqu'on s'arrête que l'envie de dormir nous rattrape et nous assomme.
A l'heure où j'écris ce billet, je suis comme un zombie, j'ai la démarche du zombie, lente et raide, j'ai une tête de zombie (yeux rouges, cerne). Il va me falloir du temps pour que je récupère complètement avant une reprise. Je suis incapable de penser à courir une course, j'ai une overdose de la cap.
Je me suis pesé : 72.9 kg (au départ 73.5kg), la perte de poids est minime, les ravitaillements ont remplis leur rôle en maintenant mon équilibre corporel (a l'heure actuellement penser au sucré m'écoeure). J'ai dépensé environ 11000 kcal. Et une chose importante, j'ai amené tous mes ongles d'orteil à l'arrivée, je n'ai laissé aucun sur la route!
Pour moi faire une course comme l'UTMB ou le GRP, il faut être vraiment taré ! (Mais bon dans quelques jours mon opinion sera différente :).

Prochainement je vous ferai part de mon compte rendu détaillé.

samedi 5 décembre 2009

Le jour J

Merci pour vos encouragements !

Il a beaucoup plu ce matin, la météo annonce la pluie pour la nuit ça va être fun :), une course épique :)
A 18h j'ai pris un bon plat de pâtes. J'ai chargé mon sac de vêtements de rechange pour chaque boucle.
Je suis un peu nerveux à quelques heures du départ.

Bonne soirée ! A bientôt.

Avant de partir je pèse 73.5 kg. Mon sac avec les provisions + eau = 2.7 kg. Avec l'équipement (chaussure + vêtements) au complet je suis à 77-78kg.

vendredi 4 décembre 2009

Origole J-1

Par rapport à mes autres défis où je planifiais mes entrainements longtemps à l'avance. Pour l'Origole, c'est un défi particulier, j'ai beaucoup hésité, je me suis vraiment décidé à le faire que depuis quelques semaines, je n'ai pas effectué de préparation pour.
Sans être physiquement au top, j'ai beaucoup de doutes. A J-1, plusieurs sentiments se mélangent dans ma tête. D'un côté je suis excité à l'idée de participer à mon premier trail de plus un trail nocturne, de courir la nuit, de repartir à l'aventure. De l'autre côté je suis anxieux, je ne suis pas du tout en forme, je ressens beaucoup de fatigue, je n'ai pas couru depuis samedi dernier, j'arrive à peine à faire 1km de natation dernièrement. J'utilise toutes les méthodes de préparation mentale pour rester au top et motiver à fond et pour combattre mes moments de doutes.
La citation de Albert Camus peut bien résumer l'état d'esprit à avoir :
"En vérité, le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à tout."

Ce n'est pas parce que je ne suis pas top que je ne vais pas me challenger. Je me suis fixé trois plans :
Plan A => finir en moins de 10h; si je n'arrive pas, j'active le plan B (Après la course : 10h, j'étais fou de penser que je pouvais faire 10h !! Ahahahah !)
Plan B => finir avant 10h du matin (12h de course). Mon temps sera proche de 12h de course.
Plan D(débrouille) => finir la course !
L'abandon ne fait pas parti de mes plans :). De tout façon plus je finis tôt, plus tôt je serai au chaud dans ma couette (ça motive).

Sinon je ferai attention à mon ravitaillement, les erreurs à Millau m'ont servi de leçon où j'ai eu deux fringales à cause d'une mauvaise gestion des ravitaillements.

Voilà tout est prêt, tout est planifié, tout est pensé, il ne reste qu'à ...

mercredi 2 décembre 2009

Pourquoi un ultra trail nocturne peut être difficile?

Un ultra trail ou une course nocturne est exigeant physiologiquement et mentalement.
Courir la nuit dérègle notre organisme, notre biorythme, nous sommes "programmé" pour dormir la nuit et s'activer la journée.
La performance sportive est liée à la variation de la température corporelle, elle croit tout au long de la journée : au minimum vers 4h et au maximum vers 16h. C'est entre 12 et 18h que le fonctionnement musculaire est optimal. La cortisone est à son plus haut niveau ainsi que la lipolyse et la glycolyse. Ainsi que la conduction nerveuse qui est plus rapide (on est plus intelligent :).

Pendant la nuit physiologiquement, nous sommes confrontés :
1) à l'hypothermie, si la pluie est de la partie, les chances de terminer diminuent,
2) à la baisse de la vigilance (nos neurones tournent au ralentis), une blessure peut vite arriver ou un égarement qui oblige à revenir sur nos pas.

Selon les statistiques, il y a un fort risque d'accident (travail, circulation) après minuit, la température corporelle est au plus bas, ainsi que la concentration, la vigilance => Titanic, Tchernobyl, Bhopal ...

Pour éviter d'avoir froid je me suis procuré des chaufferettes auto chauffante qui dure 5h si j'ai une hypothermie.

D'après la météo il va pleuvoir samedi, le terrain risque d'être gras sur l'Origole.

Un peu de motivation ...

lundi 30 novembre 2009

Matériels pour l'Origole

Mon matériel est maintenant au complet pour l'Origole.

Chaussures : Asics Moriko 2
Guêtres : Raidlight Stop and Run, j'espère que ça va me protéger de la boue :)
Sac à dos : Diosaz 10l, sifflet intégré. J'ai effectué une sortie avec la poche d'eau remplie, le sac tient bien.
Lampe frontale : Petzl tikka 2 plus, 50 lumens + piles de rechange + frontale energizer utilisé lors de Millau
Coupe vent-imperméable : Protect 3000 décat, je n'ai pas les moyens de me payer une veste gore-tex.

Bas : un collant épais Asics.
Haut : t-shirt manche courte + t-shirt manche longue, je m'adapterai en fonction de la température du jour J.
Buff (reçu à Millau) comme bonnet (en fonction de la température)
Gants
Divers : couverture de survie, brassard fluo, mars et balisto (pour une fringale, Gilles ne sera pas avec ses mars), miel, fruits sec, gel énergétique, compotes, un peu de spiruline :).
Le ravitaillement s'effectue après chaque boucle, tout les ~25km.
Je prendrai des hauts en plus au cas où j'aurai besoin de me changer après la 1ère ou 2ème boucle.

Si on regarde un peu le budget, la course à pied coute cher et je n'ai que du matériel d'entrée de gamme (guêtres + imper + frontale + sac à dos + ravitaillement + inscription ~ 200€).

Le matériel de l'ami Ricoré pour la Saintélyon.

dimanche 29 novembre 2009

Récap semaine 23/11 au 29/11 : le gras/jus

Une semaine légère ... je fais du gras :) comme dirait un certain vétéran. Je n'ai eu beaucoup de temps libre cette semaine et la forme n'est pas au rendez-vous, je me sens pas très bien, j'ai du attraper un vilain virus ou bactérie.
Le bilan de mes entrainement n'est pas terrible :
Natation : 3 km, mes bras sont partis hiberner ...
Vélo : 0 km
CAP : 12.5 km en 1h08 avec un sac à dos de 2 kg.

Sinon depuis Millau (26 septembre) j'ai effectué comme préparation pour l'Origole (ne rigolez pas):
- Natation : 42 km
- Vélo : 330 km
- Cap : 63 km
Au vu de mes entrainements bien "intense", je suis prêt à aller affronter un ultra trail ... Il me reste 6 jours pour effectuer ma préparation mentale (augmenter ma motivation, ma confiance, gérer mes doutes, mes peurs) et ma préparation matérielle.

Pourquoi je me suis aligné sur cette course?
J'ai décidé d'effectuer l'Origole suite à la post-course dépression qui a suivi Millau, depuis la dépression est partie, mais l'inscription est validée et je ne vais tout de même pas déclarer forfait. Au niveau physiologique effectuer deux ultras aussi rapprochés n'est pas très conseillé ... mais si on commence à écouter toutes les interdictions, tous les conseils de préventions, on ne sortirait jamais de chez soi. Je fais les choses au feeling, mentallement j'ai envie de faire l'Origole physiquement je ne sais pas dutout où j'en suis; c'est l'inconnu total. L'inconnu c'est ce qui fait la beauté des ultras si tout se passe comme on prévoit, l'intérêt serait moindre.

mardi 24 novembre 2009

Un petit sondage pour rigoler.

Le 05 décembre à 22h00, je serai sur le départ de l'Origole (75 km et 2000 m D) mon dernier défi de l'année. Une course à la frontale et au mental. Tous les ans il y a énormément d'abandon (stats, 52% finishers l'année dernière)... je me pose une question depuis mon inscription, est-ce que je serai capable d'aller au bout, résister à l'envie d'abandonner et et ne pas se faire éliminer. J'ai juste un petit souci, mes ongles sont toujours noirs, ils n'ont pas repoussé, ça prend du temps ...
Je m'aligne sur cette course car je suis curieux de savoir comment je vais gérer une course de nuit sans dormir. Comment mon corps va réagir ...
Est-ce que vous pensez que je vais finir cette course? Mesdames et Messieurs, faites vos jeux !

"Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait"
Mark Twain

dimanche 22 novembre 2009

Récap semaine du 16/11 au 22/11 : c'est léger!

J'ai eu peu de temps pour m'entrainer, ma vie professionnel m'a pris beaucoup d'énergie. J'ai pu tout de même effectué une brique : 60 km de vélo dont 42km en 1h19 (32km/h de moyenne, je suis encore trop lent en vélo) puis 12,5 km en 1h04 min. Un enchainement vélo+cap est bien dur pour les jambes. Mon objectif à court terme en vélo est de d'être à 35km/h de moyenne sur 40km.

Bilan :
Natation : 8 km
Vélo : 60 km
Cap : 12.5 km

La pression commence à monter :), je suis à deux semaines de l'Origole, ma préparation en cap est (presque) nulle ... Je risque de pas du tout rigoler le 05/12.

dimanche 15 novembre 2009

Récap hebdo du 09/11 à 15/11 : les yeux plus gros que les jambes

Une semaine assez light, pas trop le temps de s'entrainer, une semaine peu intense juste de quoi se maintenir physiquement.
En natation, je me sens de mieux en mieux, je nage pratiquement qu'en crawl lors de mes séances. En course à pied, pas encore de sortie longue au programme, je n'ai pas encore envie de passer 2h à courir. J'ai effectué une séance enchainée : natation 2km (500m en 11'08", repos actif (battement jambe 100m, 500m en 10'10", battement 100m, 500m en 10'30", battement 100m et 200m de crawl rattrapé) suivi de 60 km en vélo avec un vent terrible dont 42 km en 1h23, avec un coup de moins bien après 22km.
A l'heure actuelle, je suis beaucoup moins performant que lors de mon premier triathlon en mai 2009. Je pense que Millau a laissé énormément de traces, je ne pensais pas que la récupération pouvait prendre autant de temps.
Runningmike a raison mon planning de course est incompatible avec l'IM en juin. L'Origole le 5 décembre va me laisser sur la touche pendant 1 mois et demi au moins. Début février je serai de nouveau en plein forme et l'Ecotrail le 23 mars me laissera sur la touche jusqu'au début mai. Je n'aurai qu'un mois pour me préparer à l'IM. Sans compter les risques de blessures ...
Mon problème : je me suis déjà inscrit pour l'Origole et pour l'Ecotrail, j'aimerai vraiment finir ces courses => 4 pts pour l'UTMB.
Mais je pense de plus en plus à faire l'impasse sur l'Ecotrail... ça va être dur comme décision et 75 euros partis en fumée. J'ai les yeux plus gros que les jambes.

Bilan :
Natation : 6.5 km
Cap : 15 km
Vélo : 60 km

jeudi 12 novembre 2009

Iron Chef !

Il y a les IronMan d'un côté et il y a les Iron Chef de l'autre, la vidéo est extra, je me marre tout seul devant mon écran !


Les amateurs de course à pied sont également des amateurs de la bonne nourriture :)

lundi 9 novembre 2009

Récap semaine : Reprise et 1ère brique !

Cette première semaine de novembre marque ma reprise en cap. J'ai effectué deux "entrainements" sur piste, ce n'est pas très amusant de courir sur piste, même très répétitif, mais courir sur piste me permet d'avoir des données précises sur mon allure et mon rythme cardiaque tour après tour.
Après un retour pas très convaincant sur 10km et des courbatures pendant 3 jours. Je suis revenu sur piste mais cette fois avec une séance de natation préalable : entrainement de 1800m en 45 min suivi d'un 10 km. Ce deuxième 10K ne s'est pas déroulé sans difficulté. Lors de la précédente sortie j'avais lutté contre les douleurs de mon système cardio-respiratoire, lors de la deuxième sortie j'ai lutté contre les douleurs aux jambes, mes adducteurs se durcissent tour après tour, j'ai encore lutté contre mes envies d'arrêter. J'ai bouclé les 10 km en 46min45s (à 170 puls de moyenne).
Je me suis un peu poussé dernièrement pour ma reprise, car je voulais savoir dans quelle forme je suis après la période de repos et les préparations en ultra.
D'un côté je me suis un peu rassuré mais d'un autre côté je suis inquiet, je suis explosé après 1800 m de natation et 10 km de cap, comment je pourrais tenir 3.8+180+42.2? :).

Bilan
Natation : 7.5 km
Vélo : 0km, la météo n'est pas très favorable
Cap : 23 km dont 10km (46'30" à 180 puls) et 10km(46'45" à 170 puls après 1 séance de nat).

J'ai posé la première brique(natation+cap) pour mon IronMan!

mercredi 4 novembre 2009

La reprise : en route pour de nouvelles aventures !

Après 38 jours sans course à pied, le moment que j'attendais est arrivé, le moment où courir me manque. L'envie de chausser les runnings est supérieur à l'envie de rester au chaud est arrivé.
Au moment d'aller courir un doute traversa mon esprit, j'ai envie de courir mais je n'ai pas envie de passer de long moment à courir dans le noir, sous la pluie avec le froid, j'ai trop bavé avec les sorties longues pour Millau. J'ai donc décidé d'aller courir sur piste, j'avais commencé mes entrainements en courant au stade en faisant les séances seuil, les séances fractionnées avant de connaître ma première blessure : une tendinite achiléenne il y a à peu près un an (novembre 2008).
Cette séance de reprise a fait remonté beaucoup de souvenir : ma vie de coureur a pris naissance au stade à quelques pas de chez moi, où après avoir effectué 10 tours ~4km j'avais de terrible courbatures le lendemain.
Aujourd'hui après des milliers de km plus tard je suis de nouveau sur la piste pour me préparer à aller encore plus loin.
J'ai décidé alors d'effectuer 10 km, pour voir ce que j'ai dans les jambes. J'attaque les premiers tours à fond au bout de 6 tours (~2.2 km) je n'en pouvais plus ! Même si mes jambes sont biens, mes poumons me brulaient, c'est trop dur et il me reste 22 tours à faire ! Je pensais à arrêter ma séance après 10 tours. Et au bout de 10 tours et même pas 4km, je décide de continuer, je ne peux abandonner, vu les défis qui m'attendent si j'abandonne après 4km je suis mal barré ! Tour après tour je m'encourage pour aller au bout.
Au final j'ai effectué 10km en 46min30s à un rythme cardiaque moyen de 180 puls ! Un rendement bien faible comparé au effort fourni ! Ces 10 km étaient vraiment vraiment dur ! La douleur causée par le système cardio-respiratoire est bien intense. Je ne suis pas habitué à courir à un rythme aussi élevé.
Même si j'ai pas mal souffert, j'ai bien apprécié cette séance, cela faisait des mois que je n'ai pas couru à cette allure.

Ces 10 km marquent ma reprise ! En route pour de nouvelles aventures !

mardi 3 novembre 2009

Récap du 26/10 au 01/11 : toujours rien en cap!

Toujours pas de course à pied cette semaine, je n'ai pas envie de courir. En fait côté sport je n'ai pas fait grand chose.
Juste 2 séances à la piscine pour 3km et une séance de nage en eau libre dans le lac d'Annecy. J'étais le seul nageur (fou) à cette époque de l'année, j'avais le lac pour moi tout seul ! Mon wetsuit m'a bien protégé contre le froid, j'avais juste un peu froid au pied. Avant partout où je vais j'avais mes running, maintenant je me déplace jamais sans mon maillot de bain et/ou mon wetsuit. Comme le trail, la nage en eau libre représente pour moi la liberté et la nature.
Bilan mois d'octobre :
Natation : 14 km
Vélo : 210 km, c'est la première fois que j'ai fait autant de séances vélo dans un mois :)
Course à pied : 0km, récupération après Millau. J'ai 3/4 kg à perdre, j'ai du temps d'ici juin ...

Sinon j'ai décidé de m'aligner sur l'Origole. J'ai 4 semaine pour me préparer : 1 semaine de reprise, 2 semaines à fond, 1 semaine d'affutage => un microcycle d'entrainement.

mercredi 28 octobre 2009

Le crawl : un des points clés du triathlon

Le crawl est la nage utilisée pour battre des records du monde en nage libre, pour le triathlon, pour les courses de longues distances (5km, 10km, 20km ...). Donc forcément a priori le crawl est la nage, la plus économique et la plus rapide parmi les 4 nages.
Lors d'une compétition à la fin du 19ème siècle en 1897, un journaliste s'écria "Look at the kid crawling !" en voyant la technique de nage des frères Wickham. Depuis le nom de Crawl est resté.
Les dates clés du crawl sont :
- 1922 : Johnny Weissmuller( Tarzan) descendit en sous de 1 min au 100 m
- 1926 : Gertrude Ederlé batta le record de la traversée de la Manche (~30km) avec le crawl en 14h 39 min => le crawl est la nage la plus économique. Au passage la première tentative réussie de la traversée de la Manche a été effectué en 21h 45 min en 1875 par Matthew Webb.
C'est une nage moderne par rapport à la brasse qui est plus naturel et instinctif.

L'efficacité du crawl :
- L'horizontalité du corps qui permet d'avoir une surface frontale faible par rapport aux autres nages. Le corps est toujours dans une position de flèche.
- Les retours aériens minimisent les résistances à l'avancement.
- Les mouvements alternés des bras assurent une continuité des actions motrices, il y a un temps mort en brasse et en papillon
- L'utilisation faible des jambes => très important en triathlon
Le choix du crawl est incontournable en triathlon, la brasse est trop exigeante pour les jambes, le dos pas très pratique pour voir où on va et le papillon ...

Pour un terrien (un coureur), le milieu aquatique est quelque peu déroutant :
- Une perte des appuis plantaires
- Les appuies sont fuyants
- Une équilibre horizontale et non verticale
- Un regard vertical et non horizontale
- La vision est trouble, réduite
- L'ouïe est perturbé, les sons sont assourdies
- La respiration est inversée : l'expiration active et inspiration passive
- L'eau a une capacité d'absorption de la chaleur 340 fois mieux que l'air, et puis qu'on est déjà mouillé on ne transpire pas :).

Les marathon de natation :
- La traversée du lac Memphrémagog : 34 km. 2009, Petar Stoychev (6h 58m, 39)
- La traversée du lac St-Jean : 32 km. 2009, Petar Stoychev 07h 16m 22
- Le marathon aquatique SantaFe Coronda : 57 km.
- Marathon Capri Napoli : 36 km. 2009, VITEK Rotisla 6h 42’ 55” 3

En ce qui me concerne, ma progression en crawl me désespère énormément, en un an je suis capable de passer de 0 à 100km en course à pied tandis qu'en crawl je suis passé de 25m à 500m ... Mon rêve : un marathon aquatique, celui de Capri Napoli me plait bien ! Il faudrait que j'apprenne à me ravitailler en nageant :).

dimanche 25 octobre 2009

Récap semaine 19/10 à 25/10 : ça revient

Un mois après Millau je n'ai toujours pas effectué de course à pied, mais l'envie de courir revient. Je commence à vouloir chausser mes runnings et aller me défouler, courir commence à me manquer ... Cependant j'attends encore un peu, je veux recourir quand cela va vraiment me manquer.
Grâce à la natation et le cyclisme, je récupère tout en douceur et je maintiens une certaine forme (pour un trail). J'hésite toujours pour l'Origole en décembre.

Bilan :
Natation : 5 km (3 séances)
Vélo : 70 km (1 sortie)
Cap : 0 km

Motivés, motivés
Il faut se motiver !

mardi 20 octobre 2009

Mon plan pour devenir un IronMan

Comme pour mes précédents défis, je préparerai mon IronMan tout seul. Même si le contact avec les autres triathlètes me permettrait d'être plus performant, de réduire ma courbe d'apprentissage. Je préfère tout de même avoir la souplesse du choix de mes entrainements; nager, courir, pédaler quand j'ai envie.
Etant donné que je ne suis pas à la recherche de la performance, cela ne me nuit pas trop à me coacher moi-même. En fait je ne suis pas tout à fait seul, je suis accompagné par vous, les lectrices et les lecteurs, vos commentaires, vos remarques, vos conseils me permettent d'avoir un regard extérieur sur ma préparation, mes entrainements. Vous me remplacer en quelque sorte le club et le coach.
Mon plan consiste à :
1) M'améliorer en crawl, c'est la nage la plus économe pour les jambes. Le but du jeu est de préserver au maximum ses jambes en vue des 180km et du marathon. C'est l'épreuve que je crains le plus.
2) Rouler le plus possible, avec l'automne et l'hiver il m'est impossible de rouler en soirée après le travail. Je vais profiter au maximum des week end sans pluie pour apprendre à pédaler rond (pousser et tirer en même temps), à utiliser les braquets et acquérir une fréquence de pédalage élevée. Je passerai certainement plus de la moitié du temps sur le vélo à Nice ...
3) Améliorer mes capacités en course à pied, en principe je vais pouvoir reprendre des séances fractionnées et des séances au seuil, ma tendinite achilléenne est partie.
En automne et en hiver ma préparation est axée sur la natation et la course à pied. Au printemps elle sera axée sur le vélo et la course à pied. Comme il est rarement possible d'enchainer les trois disciplines, il faudrait néanmoins effectuer des enchainements vélo-cap, natation-vélo.
Au niveau du volume d'entrainement, une charge hebdomadaire d'au moins 10h sera nécessaire. Je ne vais pas m'ennuyer ... :-).

Ma musique préférée pour me motiver à aller m'entrainer quand je n'ai pas envie:

dimanche 18 octobre 2009

Récap semaine 12/10 à 18/10 : je récupère, mes jambes récupèrent

Toujours pas de course à pied au programme, je n'ai pas envie de courir, c'est terrible ! Je n'avais jamais ressentie cette sensation auparavant. Ceci est peut être du à la fraicheur physique, je n'ai pas encore récupéré. J'ai délaissé la course à pied pour d'autre sport d'endurance la natation et le cyclisme.

Bilan de la semaine :
Natation : ~6km pour 4 séances. Auparavant je me battais avec l'eau, maintenant je commence à prendre du plaisir, je sens la glisse et le roulis de mon corps dans l'eau.
Vélo : 80 km (3h), j'ai vécu 10 km de cauchemar pour rentrer !
A partir du 70 km je commençais à avoir faim (mon petit déj était trop léger), tout commence par un début de l'hypoglycémie avec les jambes coupés (Gilles n'était pas là avec ses mars et ballisto), puis quelques kilomètres après une hypothermie due à la baisse de l'activité et mes vêtements trempés. Je voyais flou, je pédalais en zigzaguant et en reglotant, et j'essayais d'être au maximum au le soleil pour rentrer (j'ai mis 30min pour faire 5 derniers km !). En rentrant je ne prend même pas le temps de me changer, je reste en tenu cycliste avec les chaussures et je me jette sur la nourriture. Après, j'ai du rester pendant 2 heures sous la couette pour me réchauffer.
La prochaine fois je prendrai avec moi un peu d'argent pour m'alimenter au cas où ...

Pour l'instant ma participation à l'Origole de 75 km est encore hypothétique, je ne me sens pas en forme pour affronter ce trail, mais dans une ou deux semaines ...

vendredi 16 octobre 2009

Harder, better, faster, stronger.

Work It Harder Make It Better. Do It Faster, Makes Us stronger. More Than Ever Hour After. Our Work Is Never Over
La fin : chapeau !

mardi 13 octobre 2009

Mon prochain défi : 226 km.

Vous avez raison, un de mes prochains défis concernent un ultra trail de plus de 100km de type UTMB ou GRP. Mais avant cela je veux relever un autre challenge. Pour instant l'UTMB n'est pas à ma portée, je dois accumuler davantage d'ultra.

Mon prochain défi sera :
Quoi? Un Ironman, parce que :
- J'ai déjà nagé 3,8km à la piscine. Et puis j'aime bien nager, j'effectue mon entrainement croisé en natation. Et puis ça permet d'entretenir une musculature des épaules :).
- J'ai déjà effectué 200km en vélo. Le vélo c'est mon compagnon de tous les jours, il égaye mes matins, et me détresse le soir. C'est grâce à ça que j'ai envie d'aller au travail.
- J'ai déjà couru un marathon. J'aime la course à pied, je peux passer des heures et des heures à courir sans me lasser. En principe c'est mon point fort en triathlon.
- J'ai déjà enduré un effort de 14h30
En 2010, j'aurais 30 ans, c'est l'un des rares moment de notre vie où le chiffre 3 est fortement présent, une année idéale pour relever un triple défi :). Un défi pour faire passer la pilule des 30ans.
Où? Nice, parce que :
- Je connais la ville, je serai moins perdu, moins stressé.
- C'est facilement accessible par les transports (train, avion),
- La natation se fait dans la mer, comme je suis un mauvais nageur, j'aurais une meilleure flottaison.
Quand? Dimanche 27 juin 2010, la date me convient parfaitement :
- Je vais enfin pouvoir profiter calmement de mes vacances d'été, sans me préoccuper des entrainements, de la diététique .... (l'expérience de Millau a traumatisé mes vacances :).
- J'ai trop hâte d'y être.
Comment? Mes objectifs : 1h30 en natation, 7h en vélo (2000m D), 4h au marathon => 12h30, mais connaissant mes capacités de prédiction je me préparerai mentalement pour supporter 14h.

Sinon en 2010 je m'alignerai sur quelques trails afin d'accumuler des points et de l'expérience en vue de l'UTMB. Je pense que l'UTMB sera mon dernier défi, après je me mettrais à tricoter pour préparer tranquillement ma retraite :).

Je ne lasse pas des vidéos sur l'Ironman :

dimanche 11 octobre 2009

Semaine +2 : reprise d'activité

Je n'ai pas encore repris la course à pied depuis Millau, je n'ai aucun envie d'aller courir. J'ai mangé trop de kilomètres dernièrement, je dois prendre mon temps pour les digérer. Il ne faut jamais abuser des bonnes choses :). Penser à courir me fatigue. Mais je peux nager et rouler.
Sinon j'ai repris la natation, je commence à mieux me sentir dans l'eau.
J'ai fait une sortie en vélo, j'ai pu enfin tester mon nouveau vélo, il est impeccable, bien stable dans les lignes droites et bien réactif. Pour la première fois j'ai roulé en peloton, ça va vite et j'ai de l'appréhension à rouler aussi près des autres, mes mains sont en permanence sur les freins.

Bilan :
Natation : 3 km pour 2 séances
Vélo : 60 km
Cap : 0 km

Sinon je commence à cogiter pour ma prochaine course : l'Origole (75 km et 2000 D), le 05 décembre, une course de nuit. Mais début décembre me semble trop juste au niveau de ma récup, je n'ai pour instant aucune envie de me lancer dans une préparation pour une quelconque course. Je vais suivre l'état de mon corps, si tout va bien je prendrai la décision mi-novembre.

Une vidéo qui motive bien :


mardi 6 octobre 2009

Les 100 km de Millau : une métaphore de la vie.

J'ai enfin fini mon CR, il est aussi long que les 100 km de Millau. J'espère que j'ai pu retranscrire une partie de ce que j'ai vécu. Je suis ravi de pouvoir partager cet expérience avec vous. Ecrire ce cr m'a permis de prolonger mon aventure de Millau et de revivre ma course. Mon aventure des 100 km s'est achevé seulement avec ce récit et ce billet.

Les 100 km de Millau : une métaphore de la vie

Quelques mois après mon premier marathon en avril, le samedi 26/09/2009 je suis sur la ligne de départ pour un nouveau saut dans l’inconnu avec toujours un même questionnement « pourquoi je fais ça ? ».
Qu’est ce qui nous pousse à courir, à toujours aller plus loin ? Pourquoi cherchons-nous à souffrir ? Pourquoi passons-nous des heures à s’entraîner durement? Pourquoi faisons-nous des efforts inhumains pour atteindre la ligne d’arrivée ?
Les scientifiques nous expliquent que cela est du à la dopamine, les coureurs de longues distances sont des drogués, nous recherchons toujours une dose de plus en plus forte. Cette explication ne me convainc pas. Les non coureurs disent que les marathoniens et les ultramarathoniens sont des fous, cette explication non plus ne me convainc pas non plus. J’espère que nous ne sommes ni malade, ni idiot, ou bien les fous ne savent pas qu’ils sont fous.
« Pourquoi ? », cette question revient sans cesse lors de ma préparation au marathon, lors de ma préparation pour les 100km. La réponse à cette question peut-elle se résider dans le symbolisme du chiffre 100 qui peut représenter la durée d’une vie. Mes 100km de Millau furent une expérience de vie à l’intérieur d’une vie, en l’espace de 14h25 j’ai vécu une vie bien courte mais intense, une vie dure mais remplie de bonheur. La question « Pourquoi on court ? » n’a-t-elle pas des points communs avec la question « Pourquoi on vit ? ». Les 100 km de Millau vont me permettre de trouver la réponse à cette question?

Prologue

Mon défi d’effectuer un ultramarathon a débuté lorsque j’ai lu le livre UltramarathonMan de Dean Karnazes en novembre 2009 lors de ma préparation pour mon premier marathon. A la lecture de ce livre j’ai découvert qu’il existe des courses plus longues que le marathon et que c’est humainement faisable. A partir de là, j’ai décidé d’effectuer un 100km pour mon premier ultramarathon, le marathon n'a été qu'un objectif intermédiaire pour aller plus loin.
En remontant dans le temps, j’ai commencé à courir à partir d’un défi lors d'une journée d'été, d’effectuer Paris-Versailles le 28 septembre 2008 (j’ai mis 1h24 pour faire 16km), à l’époque le dénivelé et la distance me faisaient peur. Un an après le 26 septembre 2009 me voilà aligné sur une course avec la même peur au ventre du dénivelé et de la distance. Puis lors de la préparation à Paris-Versailles je suis tombé sur un article sur le marathon dans un magazine gratuit sur la course à pied, ce qui m'a donné envie de faire le marathon et depuis ...
Pourquoi Millau et pas une autre course? J’avais fait part de mon projet à Cyril (on se connaît à travers nos blogs sur la course à pied) et après quelques échanges, nous nous sommes mis d’accord que pour notre premier 100 km, nous allons relever un défi commun, celui d’aller se challenger sur l’épreuve la plus prestigieux et la plus dure des 100km en France. Ensuite j’ai usé mes souliers pendant des centaines kilomètres pendant l'automne, l'hiver, le printemps et l'été. J’ai pu surmonter les imprévus comme une tendinite au talon d’Achille, une lourde chute en vélo pour arriver en plein forme sur la ligne de départ accompagné de Gilles en vélo. Mon aventure avec Gilles se poursuit après le marathon de Paris où nous nous sommes entraider pour franchir l’arrivée ensemble.
Et comme rêve de vie à Millau, je me suis fixé trois objectifs de temps, le premier consiste à finir en moins de 12h, le seconde en moins de 14h et le troisième finir la course. Voilà l'origine de ma vie millavoise.

La naissance

Après plusieurs mois de gestation, qui consistait à enchainer des sorties longues afin que mon corps, mes jambes supportent des efforts de longue durée, tous les heures agréables ou désagréables passées à courir m'ont permis de me forger un corps et un mental d'ultramarathonien. L’aventure Millau a commencé par un saut à la ville rose, Toulouse pour rejoindre Cyril qui nous a ensuite emmené à Millau, nous avons pu ainsi reconnaître une partie du parcours. La côte qui passe en sous du viaduc de Millau semble être si facile à grimper en voiture.
Arrivée la veille à Millau, nous avons procédé au rituel immuable de toute course, retrait des dossards, diner (pâtes), puis préparation pour le lendemain : épingler le dossard, épingler les dossard courir d’Aide et Action, préparer son sac, son ravitaillement, gérer ses peurs, ses doutes… La période précédant sa naissance est toujours agité, j’ai du mal à dormir, ma nuit a été longue, je me projette inlassable sur la parcours, j'essaie d'imaginer les difficultés, mais ce que je vais vivre dépasse mon imagination.
Le lendemain, après un déjeuner costaud je me rends au départ avec Cyril tandis que Gilles est parti plus tôt pour prendre le vélo. L’air est frais avec un soleil et un ciel qui annoncent une chaude journée.
Vers 9h30, la procession vers le départ est donnée, nous marchâmes durant un kilomètre pour aller du Parc de la Victoire au départ sur l’avenue Jean Jaurès, un petit échauffement des jambes pour une longue journée … La procession était lente, sobre avec l’atmosphère paisible du sud.
A dix heure précise le départ est donné une ou deux minutes après je traverse le portique du km 0 symbole de la naissance d’une vie millavoise qui sera belle mais dure avec des hauts et des bas.

Les joies de l'enfance

L’enfance est une période déterminante de notre vie, la période de la construction de notre personnalité, de notre caractère. Les traumatismes dans l’enfance se répercutent à l’âge adulte. L’enfance représente également l'insouciance, la joie, la curiosité, l’émerveillement pour les choses simples. Les premiers kilomètres me rappellent les joies simples de l'enfance.
Depuis que j’ai traversé la ligne de départ, j’apprécie ma joie d’être sur une course légendaire, de courir sur une épreuve que j’ai tellement attendue, préparée durant des mois. Avec Cyril on papote, on plaisante, on découvre Millau, on profite du soleil qui nous réchauffe. Les premiers kilomètres se défilent aisément.
Après 7km, nous retrouvons avec impatience nos suiveurs en vélo, le nombre de participant double, l’atmosphère est chaleureuse, festif, je retrouve Gilles qui m’accompagnera durant toute cette vie à Millau. Nous longeons la rivière du Tarn et nous pénétrons petit à petit dans les gorges du Tarn avec un paysage magnifique, que c’est beau! C’est merveilleux de pouvoir courir dans un tel cadre par une journée ensoleillée d’automne.
Nous découvrons avec émerveillement les premiers ravitaillements avec des sandwichs à la crème de Roquefort qui éveille nos papilles. Nous profitons du moment présent, sentir la souplesse de ses foulées, la fluidité de ses jambes, sentir la fraîcheur de l’air, la douce chaleur du soleil.
Les 10ème km sont effectués aisément en 1h11min. Il ne reste que 9 fois 10km à faire :-).

L'adolescent bien dans sa peau

De profonds bouleversements psychiques et physiques marquent la période d’adolescence. L’insouciance de la jeunesse s’éloigne peu à peu, l’émerveillement de la vie également mais les sentiments d’invulnérabilité prennent place, l'adolescent surestime toujours ses capacités. Mes jambes fonctionnement merveilleusement bien, je me sens invulnérable devant les 100km. Avec mes compagnons nous sommes plus calmes, plus posés, moins bavards, davantage concentrés. Les mécanismes de mes jambes sont bien huilés, les premiers dizaines de kilomètres étaient de l'échauffement.
Même si nous sommes derrière le meneur d’allure de 13h, je me sens capable de finir en sous de 12h, je suis dans une période où toutes les rêves sont permis, je suis confiant dans l’avenir, confiant dans mes capacités … L’innocence de l’adolescence sur la dureté de la vie. Vers 12h20, j'atteins le 20ème km (10ème au 20ème km en 1h10).

Le jeune adulte

Le passage à l’âge adulte se traduit par de nombreux événements importants qui impactent notre futur. L’avenir devient plus préoccupant, nous ne pouvons plus vivre dans l’insouciance. Il faut planifier, gérer ses ressources, affronter la dure réalité et être confronté à ses responsabilités.
Un premier événement vient perturber ma vie millavois peu après le semi marathon, je laisse partir petit à petit Cyril, mon rythme cardiaque comme à s’élever, je réduis mon allure afin de ne pas accumuler l’acide lactique. Je respecte ma stratégie de course, la journée sera longue, il faut penser à l’avenir, accepter les séparations, tracer son propre chemin.
A partir du semi la course devient plus dure, le soleil est au zénith, la chaleur comme à me peser. Tous les coureurs cherchent à courir à l’ombre. La route change de profil, les montées et les descentes se succèdent. Je suis obligé de faire plus d’effort pour maintenir mon allure, je m’arrête plus longuement aux ravitaillements.
Quelques coureurs plaisantent sur mon dossard « Courir pour un futur meilleure » pour Aide et Action : « Vu la situation économique actuelle, l’avenir ne sera pas meilleur » mais dans la vie comme en course à pied, il faut persévérer, être patient, ne pas abandonner, être optimiste et croire dans un avenir meilleur.
J’ai mis 1h11 pour effectuer les kilomètres du 20ème au 30ème. J'atteins le semi au bout de 2h30 de course. Tout est parfait jusqu'ici.

L'âge de la maturité

Comme dans la vie nous avons l'impression que l’enfance se déroule lentement, nous avons beaucoup de souvenir de l’enfance, l’adolescence semble passer rapidement, l’âge adulte également.
La jeunesse commence à être loin derrière moi, ma force et mon énergie sont de moins en moins débordants, je me concentre sur mes foulées, sur mes sensations afin d’affronter sereinement les hauts et les bas. La boucle du marathon n'est si plate que ça.
Les ravitaillements ne me suffisent plus à étancher ma soif, j’ai recours à mon bidon d’eau que Gilles prend soin à le remplir à chaque pause ou point d’eau. Je poursuis tranquillement ma route, à mon allure d'ultramarathonien, je ne rencontre point le mur entre le 30ème et 35ème km et je ne souffre point de la chaleur. Au fur et à mesure que nous approchons de Millau, les spectateurs sont de plus en plus présents, leurs encouragements, leurs soutiens font du bien moralement. Pour ne pas inquiéter mes proches, depuis le début, je préviens de temps en temps ma femme par SMS ou par un appel rapide de mon temps en retours elle m’envoie des messages de soutien. La dureté de la vie est amoindrie par l’entraide, l’amitié, la solidarité et l’amour.
A l’approche du marathon, sur l’avenue Jean Jaurès nous croisons les coureurs qui partent pour attaquer la deuxième et terrible boucle. Nous apercevons Cyril, nous nous encourageons. Les aléas de la vie éloignent physiquement mais les liens d’amitié demeurent et n'ont pas de limite dans l’espace temps.
Arrivé au Parc de la Victoire, les marathoniens savourent leurs victoires, cela me rappelle mon premier marathon où j’ai rejoins le royaume de Philipiddès épuisé, vidé mais heureux. J’ai mis cette fois-ci 5h pour effectuer le marathon, même à cette allure je suis tout de même épuisé, je suis plus fatigué que ce que j’avais prévu, c’est de mauvais augure pour la suite …
Je suis maintenant arrivé à la moitié de ma vie, je me donne du repos afin de profiter un peu des plaisirs de la vie. Je mange un peu dans la salle des fêtes puis je m’installe sur une chaise, je prend le temps de changer de chaussette, de masser mes pieds puis je me dirige vers la salle de soin pour me faire masser les jambes. Mon arrêt au marathon a durée environ 20 min, je me sens revigoré, même si c’est un peu dur pour les jambes de repartir. Je me sens bien mentalement mais je suis tout de même préoccupé par mes jambes. Mon espoir de faire moins de 12h reste intact. Mais vu de l'extérieur, c'est impossible, la deuxième partie sera plus beaucoup plus dure que la première.
Il est 15h20, je retrouve Gilles à l’entrée du Parc de la Victoire qui observe avec émerveillement l’arrivée des marathoniens, nous partons pour la partie qui fait la légende de Millau et qui marque le monde inconnu pour moi, je n’ai encore jamais couru au-delà de 42,195 km en course.

Une montée tranquille

Courir dans Millau est pénible avec la circulation, mais quelques centaines de mètres plus loin. Quelques minutes après Creissels nous commençons à percevoir le viaduc de Millau. La vue du viaduc de Millau annonce la première difficulté.
J’attaque la montée vers le viaduc à une bonne allure avec peu de marche, la majorité de coureurs marchent, j’arrive à courir en faisant de petits pas, j’ai même pu filmer Gilles pendant quelques instants. Le paysage est merveilleux. Au sommet de la montée nous nous retrouvons en sous du viaduc de Millau, c’est gigantesque, « waow » ! Les lignes sont pures, sans fioritures, les pylônes sont immenses. Je m'attarde pas pour contempler l'architecture, aussitôt arrivé, aussitôt reparti.
Lors de la montée, mon rythme cardiaque est assez élevé mais je me sens bien. J’ai mis 1h30 pour effectuer les 10km entre le 40ème et le 50ème, en enlevant les 20 min de repos au marathon mon allure est assez stable. J’ai bouclé les premiers 50km en 6h20. Mais plus je m’avance dans le bourbier de Millau, plus je perds du terrain par rapport à mon espoir de finir en moins de 12h.

Le retour du bâton

La descente sous le viaduc de Millau est exigeante pour les jambes, monter ne requiert qu’une bonne condition cardio-respiratoire mais descendre requiert en plus une souplesse musculaire, ligamentaire et tendineuse. Les jambes jouent le rôle d’amortisseurs, à chaque foulée il faut encaisser l’onde de choc, après 50 km, mes jambes sont moins souples, mes pas résonnent lourdement sur le bitume. Je n’ai pas effectué d’entraînement en pente et j’en paie le prix.
Lorsqu’on arrive au ravitaillement St Georges de Luzençon (53ème km), il y a du monde au point de massage, je décide de m’auto-masser avec de la crème chauffante. En repartant, je commence à sentir les orteils, mes chaussures sont un peu étroits et je sens l’effet des toxines qui s’accumule dans mes jambes, c’est dur de faire repartir les jambes. Je dépasse à peine la moitié de la course et je commence à sentir des picotements aux quadriceps et à avoir mal aux orteils, mes chaussures sont trop juste à pied.
Peu après le 55ème km dans la portion la plus plate de la montée vers Tiergues, j’ai connu une défaillance, j’ai du mal à courir, j’ai faim, mes jambes ne veulent plus avancer. Heureusement qu’il y a un point de ravitaillement avec des sonos à fond, et là j’ai avalé à grande vitesse les fruits secs, les pâtes de fruits, les bananes, les oranges et les morceaux de pains avec du pâté, de la crème de roquefort puis je repars doucement afin de bien assimiler mon « repas ».
Il m’a fallu 1h33 pour parcourir les 10 km du 50ème au 60ème. Il est au alentour de 17h20. Ma défaillance et mon arrêt d'auto massage m'ont fait perdre 20 min.

Le déclin physique

Dans notre vie nous arrivons à un âge où quoi qu’on fasse, notre corps est soumis au déclin physique, les marques du temps sont de plus en plus visible, nous ne pouvons rien contre cela, il faut accepter, gérer notre capital de vitalité.
Arrivé au ravitaillement de St Rome de Cernon, j’effectue une nouvelle fois un long arrêt avec massage, pour préparer mes quadriceps et mes mollets à affronter la montée vers Tiergues. Une petite anecdote culinaire : à partir de là nous avons de la soupe lors des ravitaillements.
La montée vers Tiergues est longue, elle semble être interminable, les pentes se succèdent en serpentin. J’utilise la méthode cardio, je marche quand mon rythme cardiaque est entre 160-165 puls/min quand il redescend vers 150-155 puls/min je cours à nouveau. Cette méthode ainsi que la méthode Cyrano permet en partie de rompre la monotonie de la montée, on est davantage concentré sur nos sensations et le temps semble avancer plus vite. Après les efforts de la montée, le réconfort au ravitaillement de Tiergues, je fais de nouveau un arrêt massage, repartir après les arrêts massages devient pour moi de plus en plus pénible.
Après la montée, il n’y a pas de répit possible, il faut affronter le dénivelé dans l’autre sens pour aller vers St Affrique. Pour moi la descente après le viaduc de Millau était pénible alors pour aller à St Affrique …
Descendre fait mal aux jambes, mais penser au repos et au long massage à St Affrique me motive, à quelques kilomètres de St Affrique nous recroisons Cyril qui remonte vers Millau, il a l’air d’aller bien, on s’encourage de nouveau. Au fur à mesure que nous avançons vers St Affrique la nuit, la chaleur, la motivation tombe mais l’espoir du repos me fait avancer. Nous atteignons St Affrique avant la nuit, cela fait du bien au moral.
Les kilomètres du 60ème au 70ème sont effectués en 1h47, les deux arrêts massages ont pris beaucoup de temps. Arrivé au 70ème j’ai une certitude que je finirai la course, il est impensable d’abandonner à 30km de l’arrivée. La nuit commence à tomber il est 19h40 quand je dépasse 70km. Il n'y a pas de plat, de répit à Millau, soit on monte, soit on descend ou soit on s'arrête au ravitaillement.

Une nouvelle course commence

La salle de repos à St Affrique ressemble à un camp de soin dans les films de guerre, des coureurs sont allongés sur les tables, les kinés et les ostéopathes s’affairent autour pour panser les plaies, masser les jambes endolories. Place maintenant à l’épisode « Il faut sauver le soldat K’koud », je m’allonge sur une table, le kiné essaie de réparer mes jambes avec un long massage des quadriceps puis des mollets. Puis je prend le temps d’épingler mon dossard sur mon t-shirt longue manche rouge porté lors du marathon, pour Gilles ce tshirt me donnera du punch, je serai un nouveau coureur. Ensuite je change de chaussette, je masse mes pieds avec la crème Nok et avant de rejoindre Gilles, j’avale quelques gobelets de soupe et quelques morceaux de pains, de fruits secs ... Je suis de nouveau prêt à aller affronter les terribles pentes de Millau.
Lorsque je suis sorti de la salle des fêtes de St Affrique, il est 20h20, la nuit s’est définitivement installée sur la course, il me reste moins de 30 km à faire, 3 fois 10km ou une sortie longue. Malgré mes jambes douloureuses je me sens bien, le repos m’a rajeuni, m'a vivifié. Gilles m’a prévenu que le meneur d’allure de 15h est déjà sur la route depuis lontemps. Je dis alors à Gilles : « Je peux arriver avant minuit, c’est faisable ! », il me répondit : « Ca va être dur, mais c’est jouable ». Si je cours à l’allure de 1h10 pour 10km, je peux arriver avant minuit => 3x1h10 => 3h30 => à 23h50 j’arrive. J’attache ma lampe frontale et pars à l’assaut de la montée vers Tiergues. Je suis resté près de 40 min au ravitaillement de St Affrique, une éternité pour une épreuve sportive !
Animé de cet esprit combatif, je ne ressens plus les douleurs aux jambes. Je me répète dans ma tête : « Je peux le faire ! Je vais arriver ! ». L’air est frais, mes jambes fonctionnent bien, quelques minutes après St Affrique nous dépassons le meneur d’allure de 15h, pour me motiver à garder une allure convenable, je me fixe comme objectif de rejoindre puis de dépasser les coureurs devant moi, ma méthode cardio fonctionne à merveille, je n’ai pas trop de mal à monter vers Tiergues, je fais un bref arrêt au ravitaillement puis je repars. Gilles m’encourage à chaque fois que je double un coureur : « C’est bien ce que tu fais ! C’est super ! Continue ! ».
Courir pendant la nuit avec une lampe frontale est une nouvelle expérience, cela donne une nouvelle dimension à la course, cela rend la course plus mystérieuse, plus aventureuse. On ne distingue que les formes montagneuses du paysage, tout est sombre excepté le faisceau lumineux crée par ma frontale. Je lève les yeux le ciel est clair, les étoiles scintillent en toile de fond. Je suis émerveillé par le cadre, je me dis « woaw ! », j’éteins par moment ma frontale, je me fond dans le paysage, dans l’obscurité, dans la nuit. De temps en temps je ferme les yeux, et je laisse flotter mes jambes, j’essaie d’être en harmonie avec environnement, de me sentir léger, d'entendre dans le silence de la nuit les battements de mon coeur et les martèlement de mes pas sur le bitume.
A 21h30 j’arrive au 80ème km, j'ai mis 1h50 pour aller du 70ème au 80ème km, si on enlève les 40 min d’arrêt à St Affrique cela me fait un rythme de 1h10 pour 10km, je suis dans le bon "timing". Encore deux fois 10 km ! A cette heure-ci nous apercevons encore des coureurs qui descendent vers St Affrique ! Ce sont des courageux, je suis admiratif, si j’étais à leur place j’aurais sûrement abandonné.

Retour à la réalité

Ma période d’euphorie a durée environ 7 km, le temps de la montée. Mes douleurs aux quadriceps, aux orteils, aux tendons derrière les genoux, aux chevilles resurgissent lors de la descente vers St Rome (83 km). J'ai impression que mes jambes sont rouillées. Je ne m’attarde pas non plus au ravitaillement, je mange un peu, j’étanche rapidement ma soif puis je repars.
La descente semble être éternel, le panneau de 85ème km tarde à venir, je commence à ressentir de la fatigue de nouveau. Vers 85km on repasse devant le stand de ravitaillement où les sonos sont à fond, là on se croit d’être dans un rêve, le ravitaillement est tellement surprenant par rapport à l'atmosphère calme et paisible de la nuit, le contraste est saisissant, la musique me revigore un peu mais elle me fait sortir petit à petit de mon euphorie de courir dans la nuit.
Les kilomètres semblent s’allonger, je commence à m’impatienter, je demande sans arrêt à Gilles quand arrive le 90ème km. A St Georges de Luzençon (88 km) nous trouvons un point de ravitaillement à l’intérieur d’une salle, je m’arrête rapidement pour avaler quelques morceaux puis me réhydrater, depuis les ravitaillements après St Affrique (70ème km) je repars avant et Gilles me rattrape sur son vélo. A 22h45 j’atteins le 90ème km. du 80ème au 90ème j'ai mis 1h15. Il me reste 1h15 avant minuit pour effectuer les 10 derniers km, je peux toujours finir avant minuit. Je suis aussi pressé que Cendrillon, je veux arriver avant minuit pour que la magie de Millau ne s’arrête pas.

Le dernier combat contre le temps

J’attaque la montée vers le viaduc de Millau avec confiance, je continue de dépasser les coureurs mais la course devient coriace, la montée semble être sans fin. Mon esprit commence à se révolter, je me dis que c’est absurde de courir, après Millau j’arrête de faire les courses, je ne ferai plus de marathons, d'ultramarathons. Tous les moments difficiles vécus lors des entraînements remontent et me font rebuter, répugner de la course à pied, je pense que je n’aurai jamais la volonté, le courage de me préparer pour une course. Cependant à aucun moment je pense à abandonner, je suis si prêt de l’arrivée, je suis seulement écœuré par la course à pied. J’arrive tant bien que mal à doubler d’autres concurrents pour arriver sous le viaduc de Millau, je ne me lasse pas de la majestuosité de l’édifice mais mon esprit est davantage concentré sur les signaux douloureux de mes jambes.
Malgré plusieurs pénibles descentes je n'ai pas encore appris la leçon, en haut sous le viaduc, mon esprit me dit que le plus dur est fait, le reste n’est que de la descente courir ne demande pas d'effort. En fait le plus dur reste à faire! Depuis un certain temps, j’ai l'impression d’avoir des jambes en bois, j'ai l'impression de me balancer de droite à gauche pour courir, j'avance comme un pingouin. La descente me fait mal aux jambes, on ne fait pas d’effort pour avancer, mais c’est éprouvant, à chaque foulée on sent l’existence de ses douloureux muscles, tendons et ligaments. Je suis comme le Santiago de Heminway, je suis éreinté, érodé par le temps mais je suis toujours debout et combatif, je suis le « Veil Homme et Millau ».
Chaque foulée est un combat contre Millau, je martèle lourdement le bitume qui me renvoie instantanément l’onde de choc, mes jambes résistent, ne rompent pas ; ils encaissent les coups.

Le royaume de Hadès

Ma résistance contre Millau s’achève à la fin de la descente, soudainement, je ne peux plus courir, je dois m’arrêter, je n’arrive plus à marcher droit, je titube, mes jambes semblent ne plus répondre à ma volonté, elles ne peuvent plus me supporter, je m'adosse à un poteau et j’ai soudainement extrêmement faim. Je suis victime d’une fringale et d’une hypoglycémie. Heureusement que le ravitaillement de Gilles est encore plein, j’avale un mars ça repart pas, puis j’avale de suite trois Balisto et là je me sens un peu mieux. Je remarche petit à petit, je trottine pour arriver au dernier ravitaillement là je prend le temps de prendre quelques gobelets de soupe, des fruits secs, du pain … Repartir est toujours pénible, c’est dur de faire repartir les jambes, mais il ne reste que 4 kilomètres et j’aurai droit au repos, quatre kilomètres pour atteindre l’objectif que je me suis fixé depuis des mois.
Il fait sombre, il fait froid, je me retrouve encore une fois au royaume de Hadès accompagné de mon fidèle compagnon d’aventure Gilles. Je ne pense plus au temps, je ne pense plus à rien, je ne pense qu’à mettre un pied devant l’autre afin d’atteindre la ligne d’arrivée, chaque pas me rapproche de la délivrance, me fait sortit de l’enfer de Millau. Chaque kilomètre semble durer une éternité. Gilles m’encourage à tous les kilomètres, les passants nous applaudissent, les conducteurs klaxonnent pour nous encourager, ces encouragements font oublier un peu les jambes.

La renaissance

Depuis un certain temps, je suis dans un autre monde, plus rien ne me préoccupe, je ne pense qu’à l’arrivée, qu'au repos, les deux derniers kilomètres semblent être longs et s'étendre à l'infini; quand je me remémore de ma course, j’ai l'impression que j’ai passé des heures à courir dans les rues de Millau. Au dernier kilomètre nous commençons à croiser ceux qui ont « déjà » fini, les arrivés encouragent les arrivants, les encouragements nous ramènent petit à petit à la vie.
Au bout de l’avenue Jean Jaurès, j’aperçois le parc de la Victoire, l’arrivée est proche, le repos, la délivrance est proche. Les gens, les coureurs sur les côtés nous félicitent, je ne ressens plus de douleurs, je ne ressens plus la fatigue. Après une nouvelle errance chez Hadès, les allées illuminées m’emmènent-elles vers les Champs Elysées où les héros, les vertueux se reposent ?
A quelques mètres de l’arrivée Gilles me rejoint, nous effectuons les derniers mètres ensemble, comme lors du marathon de Paris. Grâce à son soutien, aujourd’hui j’ai pu réussir mon défi. Une nouvelle fois, l’entraide et l’amitié ont permis de surmonter toutes les difficultés, toutes les pentes de Millau.
Je n’explose pas de joie à l’arrivée, mais je savoure mon bonheur paisiblement et calmement, je sais que j’ai réussi une épreuve très éprouvante physiquement et mentalement. J’ai pu aller au-delà du supportable, je suis heureux d’avoir atteint la ligne d’arrivée, je goute à la plénitude de l’accomplissement personnel réalisé.
Il est 00h25, après 14h25 ma vie millavoise prend fin au kilomètre 100, une autre vie commence …

Pourquoi?

Revenons à la question « Pourquoi ? » posée au début, est-ce que cela vaut la peine de se fatiguer autant, de se donner autant de mal, de pousser son corps jusqu’à la limite supportable et même au-delà ? Mais courir ne ressemble pas-t-il à vivre ?
Les 100 km de Millau ne sont-ils pas une métaphore de la vie ? Les premiers km ressemblent à notre jeunesse, nous découvrons les joies de vivre de courir, nous sommes insouciant, débordant d’énergie. Puis arrive la période d’adulte où nous faisons moins d’illusions sur la vie, nous sommes plus calmes, plus responsables, nous avons toujours confiance en l’avenir, en nos capacités. Ensuite vient la vieillesse, quoi que nous faisons le temps nous rattrape, même si la volonté peut déplacer des montagnes nous sommes limités par nos capacités physiques, mais cela nous ne empêche pas d’avancer, de réaliser nos rêves.
Comme dans la vie, pendant la course nous allons de haut en bas puis de bas en haut. Comme dans la vie les moments de bonheurs peuvent côtoyer des moments moins joyeux, durs et tristes. Comme dans la vie nous pouvons être en pleine forme puis subir soudainement un accident, une défaillance. Comme dans la vie, nous avons besoin de l’entraide, de l’amitié, de la solidarité, de l’amour pour réussir. Comme dans la vie, nous avons besoin d’être persévérant pour atteindre notre objectif … Il existe d’innombrables comparaisons possibles.
La vie n’est jamais facile, tout ne déroule pas comme nous le voulons, certains moments nous ne voulons plus continuer, mais notre volonté nous permet toujours d’avancer, d’être heureux de vivre et de nous battre pour un futur meilleur. Nous vivons car la vie est belle, nous courons car la course représente la vie, même si elle est dure elle vaut la peine d'être vécu.

Epilogue

Gilles a terriblement mal au derrière après 14h sur un vélo, je suis prêt à inverser les rôles pour une prochaine édition… J’ai terminé ma course en partie grâce à lui. Cyril a effectué Millau en 12h56, nous avons réussi notre défi commun. J'ai une pensée envers les bénévoles, les coureurs, les spectateurs, je les remercie pour leur encouragements, leurs soutien et leur gentillesse. Je n'oublie pas mes amis/amies bloggeurs qui viennent des quatre coin du monde qui m'ont suivi et qui m'ont encouragé depuis ma préparation pour Millau. Nous repartons de Millau avec de formidables souvenirs et des liens d’amitiés encore plus forts.
Tout est bien qui finit bien. Et comme la nuit précédente la course, la nuit suivante a été agitée, mes jambes sont bien douloureuses et sont un peu gonflé. Notre retour s’est effectué tranquillement en avion depuis Rodez Marcillac à Paris-Orly, arrivé en bas de chez moi j’ai eu l’agréable surprise de voir que l’ascenseur ne fonctionne pas, je vous laisse imaginer la scène, moi avec une valise de 10kg et 100km dans les jambes monter les marches un à un en grimaçant. Une semaine après j'ai retrouvé l'usage de mes jambes, je n'ai que quelques bobos au niveau des orteils. Je ne garde pas de séquelles, je ne garde seulement que de souvenirs impérissables.

Mes courbes d'allure et de fréquence cardiaque :
La deuxième boucle a été un calvaire, l'état de mes jambes ne me permet pas de fonctionner mon système cardio-respiratoire à plein régime.

Comme d’habitude je sous estime toujours les difficultés d’une course, mon objectif de 12h n’est pas atteint, ni celui de minuit. Mais terminer Millau suffit à me rendre heureux quelque soit le temps. Pour être heureux jusqu'à un certain point, il faut que nous ayons souffert jusqu'au même point. (Edgar Allan Poe). Je suis tellement heureux ;-).
Les 100 km de Millau est une course magnifique, un mythe, une course à plusieurs facettes, j’ai vécu trois différentes courses : le marathon, l’ultra et la course de nuit.
Les 100 km de Millau furent une expérience riche en émotions. C’était une aventure humaine extraordinaire. Grâce à Millau j’ai pu vivre une vie bien intense à l’intérieur d’une vie, je suis ressorti grandi. Ce fut l’accomplissement d’un défi sportif et d’une histoire d’amitié inoubliable.
Mes aventures dans le monde des courses de longues distances ne font que commencer. A bientôt pour de nouveaux défis !

Comme dis Fran : Viviendo la vida pasar !