mardi 29 décembre 2009

Bilan 2009

Mon année 2009 a été une année bien pleine.
Les points positifs furent mes différents courses où j'ai rallié l'arrivée. J'ai effectué mon premier marathon, mon premier triathlon distance olympique, mon premier ultra marathon et mon premier ultra trail. Je suis devenu un marathonien, un ultramarathonien, un triathlète, un traileur. J'ai surmonté les défis qui me semblaient être impossible. J'ai repoussé en permanence mes limites physiologiques et psychologiques. J'ai beaucoup appris sur moi même à travers la pratique des sports d'endurance.
Les points négatifs de cette année furent la tendinite au talon d'Achille et la chute en vélo qui ont chamboulé mes plans de préparation pour le marathon et Millau. Par moment ces blessures m'ont sapé le moral.
J'espère qu'en 2010 je vais moins galérer. J'ai appris de mes précédents erreurs de préparation, je gérerais mieux mes entrainements et en principe mes performances seront meilleurs (je rentrerai plus tôt de mes ultras :).
J'ai connu des hauts, les moments d'allégresses d'après courses, lorsque j'ai atteint la ligne d'arrivée. Et des bas, les moments entre deux courses. J'ai connu une grosse perte de motivation après Millau, je n'avais plus envie de courir, de faire des efforts, j'en avais marre de mes entrainements, c'était ma période de crise existentielle en cap. Le dernier trimestre de 2009 était laborieux, ma dernière course l'Origole m'a redonné de la motivation d'un côté mais d'un autre côté m'a complètement vidé.
Comme je n'ai plus de tendinite, je vais pouvoir effectuer un travail d'intensité et de qualité. Je vais davantage inclure du renforcement musculaire des jambes, j'en ai marre que mes jambes me lâchent en course sans que je ressens la moindre fatigue.
Ma vie de coureur est comme ma vie, des hauts, des bas, mais au final les choses positives emportent et me poussent à avancer, à faire des efforts et à réaliser mes rêves.

Bilan :
Natation : 191 km
Vélo : 611 km
Cap : 1400 km
Mon kilométrage en course à pied n'a fait que décroitre au cours de l'année.

Bonne fin d'année !

lundi 28 décembre 2009

Récap des dernières semaines : repos

Mon blog est aussi actif que moi dernièrement. Depuis un certain temps, je suis en repos. Surtout que dernièrement j'ai du attraper la grippe, la semaine dernière j'étais cloué au lit pendant 3 jours avec de la fièvre.
Mon corps est en jachère, je reconstitue mon capital de motivation, mes muscles se renouvellent. Ma période de récupération me permettrait d'entrer dans un nouveau cycle de préparation et de défis.

jeudi 17 décembre 2009

Paris au ralenti

La neige est arrivée, la circulation est au ralenti, les voitures roulent à la même vitesse que les escargots qui font leur sortie matinale.
En vélo avec le défilement des flocons de neige, j'ai l'impression d'être sur le Faucon Millénium en hyperpropulsion.
Un beau temps pour faire une sortie longue :).

mardi 15 décembre 2009

Le geste parfait

Je vais profiter de ma période de repos en CAP pour améliorer ma technique de nage.



La respiration parfaite de Ian Thorpe, une technique avec tête haute et une respiration dans la vague (énorme la vague qu'il crée) :
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dimanche 13 décembre 2009

Récap semaine du 07/12 au 13/12 : repos

Après l'Origole, mes jambes étaient hors service pendant plusieurs jours, mes chevilles étaient gonflés pendant 3 jours. Mes orteils me faisaient mal pendant 5 jours, j'ai du taper dans des rochers, des branches et les descentes font cogner dur les orteils dans les chaussures.
Je suis entré dans une période de repos, je suis épuisé par tous mes défis cette année. Il est temps de donner un peu de repos à mon corps. Je reprendrai l'entrainement début l'année prochaine avec en ligne de mire l'IronMan de Nice et surement un ultratrail d'au moins 100 km pour la deuxième partie de l'année.
Pendant ma période de repos, il ne faudrait pas que je me lâche trop au niveau diététique, je pèse pour instant 74 kg (1m77), un IMC de 23.6, très loin d'un IMC d'athlète de longue distance. Je viserai un poids de 72kg en juin 2010.
Sinon cette semaine j'ai effectué deux séances de natation pour environ 3,5km.

mercredi 9 décembre 2009

Unifier son corps et son esprit pour atteindre l'arrivée

La phrase générale proclamée est « le combat contre soi même » lorsqu'il s'agit de relever les défis, il faut vaincre soi-même pour aller plus loin. Mais est-ce qu’il faut vraiment se battre contre soi-même ?
Je pense que nous ne nous battons pas contre nous-mêmes, nous nous battons contre les éléments extérieurs, notre "soi", nous aide à surmonter les difficultés. Pour vaincre, il faut faire en sorte que son corps et son esprit s'entraident, il faut unir son psychique et son physique pour atteindre l'arrivée. Il faut arriver à se mettre dans un état où le corps et l’esprit sont en harmonie.
Dans ce récit, je vais vous partager mon expérience de trail de nuit, une expérience inoubliable, à vivre. Je vais également essayer de montrer que le principal combat dans une course de longue distance n'est pas un combat contre soi mais un combat contre les éléments extérieurs.

Pourquoi ?

Quand on s’élance sur des épreuves aussi dures, on nous demande souvent pourquoi ? Ma réponse générale est que les coureurs ont besoins de sensations fortes, ils ont besoin d’éprouver la souffrance pour se sentir vivre. Mais bon c’est encore une réponse de bois … Pourquoi je me suis aligné sur l'Origole, un trail de 75km et 2000m de dénivelé ?
Un mois après les 100km je suis allé voir la liste des courses qualificatives pour l’UTMB (166km, 9000 D), j’ai repéré les trails en Ile de France et je suis tombé sur l’Origole, je me suis dis super, en plus une partie de l'inscription est reversée au Téléthon c'est formidable , une course qui allie le défi à la solidarité!
L'Origole est une course qui permet d'avoir 2pts (il faut 4pts pour être qualifié à l'UTMB), à 1h de transport et en plus un trail de nuit, je suis curieux de savoir comment je me sens lorsqu’on coure la nuit sans dormir; je me disais 75 km, c’est 25km de moins que Millau, ça sera dur mais pas trop. Je suis également curieux de voir les effets de la sollicitation de son organisme en enchaînant les ultras avec si peu de repos (mieux vaut faire des conneries quand on est encore « jeune »)… De l’inconscience à l’état pur, un trail est différent d’une course sur route et nécessite une préparation spécifique (courir avec un sac à dos, courir sur des parcours vallonés).
Début novembre j’envoie mon inscription. Je ne savais pas que ma reprise de la course à pied après Millau serait laborieuse (manque de motivation, fatigue, charge de travail …). Avant de m’élancer sur l’Origole j’ai effectué 42km de natation, 330km de vélo et 63 km de course à pied sur terrain plat et stable. De plus le week end précédent l’Origole, j’ai une baisse de forme, maux de gorge, fatigue, impossible d’aller m’entrainer de tout façon les séances à une semaine d’une course ne servent à rien, donc j’ai décidé de me tout miser sur une préparation mentale (confiance en soi, motivation, gestion des doutes, concentration). Pendant une semaine j’ai banni le mot abandon de ma tête, j’ai effectué beaucoup de projection mentale, je visualisais ma stratégie de ravitaillement et de gestion d’effort.
Il est parfois difficile de tout rationnaliser, comme dirait un certain Pascal : "le cœur a des raisons que la raison ne connaît point".

Prologue

Samedi après avoir pris un plat de pâtes et de dinde, je prends le train pour aller à Le Perray. J’arrive vers 20h30, le gymnase est déjà bien rempli. J'effectue la vérification de matériel, je récupère mon dossard et je pars me changer, c'est la première fois que j'ai eu l'occasion de me changer calmement dans un vestiaire avant une course.
La préparation dans le vestiaire, me rappelle mes compétitions en karaté, où l'enfilement des protections, du kimono et de la ceinture me permet de rentrer petit à petit dans un état d’esprit de guerrier. C’est un moment intense, je quitte mon costume de personne d’ordinaire pour revêtir le costume de guerrier qui est prêt à tout affronter.
Je me prépare calmement, j'enfile mon collant de course, je prépare mes pieds, j'enfile mes hauts, je vérifie mon sac. Puis je me place dans le gymnase, en attendant le départ je fais des étirements, je respire calmement. A 20 min du départ, c'est le début du brieffing, le speaker annonce des conditions difficiles avec des risques de pluie, beaucoup de boue, beaucoup de vent et de la distance de la première boucle qui fait environ 30km. Je suis concentré, j'attends le départ avec impatience. Mon esprit et mon corps sont prêt à aller au combat.
Le parcours de l'Origole est composé de 3 boucles : 30km (élimination après 4h30 de course) 25km (élimination après 9h30) et 20km, le ravitaillement a lieu à la fin de chaque boucle, il faut être en autonomie sur chaque boucle.

1ere boucle (30km, 700 D) - Le combat contre la boue

Peu après 22h le départ est lancé, le début du parcours se fait en ville sur bitume puis peu à peu nous rentrons dans les sentiers humides et boueux.
Courir la nuit est magique, tout est complètement différent. Les sensations ne sont pas les mêmes que sur route et en plein jour. Nos sens fonctionnent différemment, en trail, le toucher est prédominant, à travers les plantes des pieds on ressent la variation du terrain : terre meuble, boue, feuille, cailloux, … la kinesthésie est fortement présente. La vision est rétrécie, le paysage est composé d'ombre et de contour, seul les quelques mètres devant éclairés par la frontale sont visibles. L'ouïe est plus développée, on entend les branches craquées, les bruits dans les pénombres. L'odorat est plus développé, on sent la fraîcheur de l'air, on sent la douceur de l'humus et l'herbe fraîche. La course en nature nocturne nous fait entrer dans un autre univers.
Notre état d'esprit est également différent, il faut constamment rester concentré, rester dans la course. Lors d'une course sur route, on peut se mettre en mode de pilotage automatique et on laisse l'esprit vagabonder. Dans le trail, il faut être en harmonie avec la nature, la moindre inattention peut couter cher, dès que je divague un peu, je trébuche sur une branche, sur un gros cailloux ou je rate mes appuis dans la boue. Il faut constamment être "ici et maintenant".
Dès le départ, le peloton de cyclopes part à vive allure, je me retrouve rapidement en dernier, ce qui me permet de profiter du spectacle de la file de coureurs avec les frontales. Je décide d'être prudent, je surveille mon cardio, je ne mets pas dans le rouge, je reste calme et relaxé, la course est longue et j'avance à mon rythme, je ne m'affole pas, tôt ou tard je remonterai la file de coureurs.
Mon allure prudent me permet d'effectuer mon apprentissage du trail nocturne, je dois m'habituer à courir dans ces conditions inhabituelles, je m'habitue petit à petit au terrain. J'apprend également à me répérer avec le système de balisage, les rubalises, les repérer au loin avec ma frontale pour avoir une idée du chemin à prendre. Je cours pendant un long moment avec le "coureur balai" ou encore " le serre file ", c'est à dire la personne qui ferme la route et suit la dernière personne. Ainsi j'ai pu avoir quelques échanges sympathique avec le serre file, un personnage connu dans le monde la course à pied dont je ne connais pas le nom, cela fait 35 ans qu'il pratique la course à pied, et moi je n'ai même pas encore 30 ans... Pendant 5-6 km le parcours est très roulant et je suis étonné du rythme de la course.
Environ une demi heure après le départ, je me fait piéger par une flaque de boue, mes jambes s'enfoncent je perds l'équilibre et je me rattrape avec les mains, mes gants sont trempés, je les retire (heureusement qu'il faisait chaud). Désormais je ferai plus attention à la boue, c'est l'apprentissage par erreur.
Au bout de 45min, quand le terrain commence à monter et descendre que je remonte les coureurs petit à petit.
Au fur à mesure que nous avançons la boue devient de plus en plus importante, les bosses commencent à se succéder. La première boucle est dure, car il faut s'habituer à courir dans la boue, les appuis glissent continuellement. Les mini-guêtres me protègent bien, je ne crains pas de m'enfoncer dans la boue, j'ai également bien lacés mes chaussures au départ. Certains coureurs perdent leurs chaussures et les cherchent en creusant dans la boue, ça doit être pénible de courir les pieds trempés.
Je respecte ma stratégie d'alimentation prévue, je mange tout les 30min, je bois fréquemment sans avoir soif. Il ne fait pas très froid, l'atmosphère est humide, la pluie est éparse et ne dure jamais très longtemps, de temps en temps la lune nous tient également compagnie. Après deux heures de course, la file de coureurs s'étend et je découvre avec plaisir le bonheur de courir seul dans la nuit, parfois j'éteins ma frontale et j'essaie de me fondre complètement dans la nature avec la lumière de la lune.
La première boucle fait tout de même 700m, les montées et les descentes sont courtes et raides, c'est très traumatisant pour les jambes au bout de 3h je commence à sentir mes mollets, je frôle à chaque fois l'état de crampes lorsque je force un peu trop, le manque de préparation physique me rattrape, le sol boueux ne m'aide pas non plus à économiser mes jambes. Je marche quand le terrain est gras ou quand le dénivelé est fort, j'effectue des relances rapides quand c'est possible. Je continue de remonter petit à petit les coureurs. J'encourage mes jambes de ne pas me lâcher, je les parle à haute voix et mentalement, je les supplie de ne pas me lâcher. Je me sens bien, je ne suis pas fatigué, je n'ai pas de sommeil, seul l'état de mes jambes me préoccupe.
Vers 4km de l'arrivée de la première boucle, je n'ai plus d'eau, mais comme je me suis habitué à faire des sorties longues sans boire, je ne suis pas inquiet. On quitte la forêt, sur la plaine le vent est glacial et fort, le sol est boueux.
Après 4h de course, le spectre de l'élimination me poursuit, mentalement je sens toujours bien, je ne suis pas fatigué, mes jambes commencent à être douloureuses, je ne veux pas me faire éliminer dès la première boucle, ça sera trop frustrant, je ne suis pas venu pour me faire éliminer. J'accélère mon allure lorsque le terrain le permet et dès que le bitume recommence à apparaitre, je sprinte tant pis si au niveau de la fréquence cardiaque je suis dans le rouge, l'objectif est de pouvoir repartir est plus important.
J'arrive au gymnase essouflé après 4h29min32s à la limite de la barrière horaire de départ de la deuxième boucle, il est 2h30 du matin, je demande immédiatement si je peux repartir. On m'annonce que la barrière est repoussée à 4h45 de course (2h45 du matin), car les conditions sont dures, je pousse un soupir de soulagement, je reprend petit à petit mon souffle et mon esprit. Je remplis ma poche d'eau en ajoutant quelques cuillères de miel, je recharge mon ravitaillement, je prends deux gobelets de soupe, des verres de coca, je change mes hauts qui sont complètement trempés. Avant de partir je change les piles de ma frontale, avec la fatigue, j'aurai besoin de la pleine puissance pour la deuxième boucle où je risque d'être seul la plupart du temps. Je n'ai pas le temps de changer de chaussettes de tout façon vu l'état de mes chaussures avec de la boue partout, cela ne sert à rien. Je quitte le gymnase à 4h45, prêt à affronter la deuxième boucle. Mes jambes deviennent dures, mais ils ne me lâchent pas, mon esprit encourage mon corps et ce dernier répond positivement. J'ai gagné le premier round.
Je repars en marchant. La prochaine barrière horaire est à 7h30 du matin (9h30 après le départ). Il me reste environ 4h45 pour faire 25km. Je suis toujours debout, je suis toujours prêt à affronter les prochaines difficultés. Je suis toujours confiant dans mes capacités d'arriver au bout.

2eme boucle (25km, 1000 D) - Le combat contre les bosses

Après avoir quitté le gymnase, je trottine tout doucement, au bout d'un moment, un coureur me rattrape, on fait un bout de chemin ensemble, et puis petit à petit il me lâche. J'ai besoin du temps pour digérer mes soupes et pour récupérer après mes efforts pour terminer à temps la première boucle, il m'a fallu 1h pour que je retrouve mon rythme et à partir de ce moment je rattrape les coureurs qui ne sont pas dans un bel état. Les montées et les descentes se succèdent à l'infini. C'est tellement raide que parfois je dois parfois utiliser les mains, les descentes sont tellement glissant qu'il faut descendre en biais.
Il y a si peu de coureur que j'ai l'impression d'être tout seul dans la forêt, par moment les rubalises flottant dans le vent me donnent l'impression qu'il y a un coureur devant. J'apprécie cette solitude dans la nuit calme. Mais sur l'Origole on ne revasse jamais longtemps, les difficultés s'enchainent et les douleurs me rappellent à la réalité.
Dans certaines montées je m'arrête pour m'étirer sinon des crampes me clouent au sol, j'encourage mes jambes de ne pas me lâcher, je leurs fait des louanges, "vous êtes magnifiques, formidables, j'ai vraiment de la chance de vous avoir … ". Je supplie mon corps de ne pas me lâcher, il faut qu'il m'aide à arriver avant la barrière horaire. Je me traine tant bien que mal, je me fixe des objectifs à court terme : monter la prochaine descente puis redescendre à fond, puis je me remotive à remonter une autre pente et de faire des relances quand c'est possible. Je ne perds pas l'espoir de repartir pour la troisième boucle. Tant que je n'ai pas la certitude d'être éliminer j'avance.
Après d'interminable montées et descentes, je croise des bénévoles qui m'indiquent qu'il reste 10km et que le parcours est moins vallonné. Il me reste environ 1h30, je me suis dis que c'est faisable, il faut y croire, il ne faut pas que je laisse tomber, une nouvelle énergie m'envahie. Je dois poursuivre mes efforts. Les montées me coupent le souffle, les descentes me coupent les jambes.
A environ 4km de l'arrivée, je rencontre Nicolas qui a un coup de barre, je lui préviens que la barrière de temps est franchissable et que nous pouvons le faire, le plus dur est derrière nous, c'est bête de se faire éliminer si près du but. On se motive, on court quand le terrain est propice. L'esprit d'entraide et de solidarité fait parti des courses de longues distances.
Arrivés en ville, les routes se succèdent sans fin, le gymnase tarde à venir, on commence à marcher, je commence à baisser les bras, je suis las, la fatigue me rattrape, le spectre de l'élimination est au dessus de mes épaules. Puis après un tournant on aperçoit le gymnase, ma motivation revient, j'accélère, je fait les derniers efforts, on atteint le gymnase après 9h36min30s (7h36 du matin), je ne sais pas si on peut repartir ... Et là on nous annonce que nous avons 10 min pour nous ravitailler, quel soulagement (se faire éliminer pour 6 min serait terrible!) les barrières horaires ont été repoussé de 15min. Je remplis ma poche d'eau, je prends une soupe, j'avale quelques quartiers d'orange, je charge mon sac de barre de céréales (je n'ai plus de compotes et de gel), je change mon haut puis j'attrape un pain au chocolat avant de repartir.
Nicolas m'attend et nous repartons ensemble pour affronter la dernière boucle, à deux nous serons plus vigilent pour repérer les rubalises et le temps passera plus vite. Le soutien moral est essentiel lorsque notre organisme est poussé à bout, la solidarité est indispensable pour atteindre l'arrivée. J'ai encore gagné le deuxième round, il suffit maintenant de gérer, de supporter la fatigue et les maux de jambes. Il faut maintenant encaisser sans tomber.
Le plus dur est fait, il reste seulement 20km, une petite sortie longue …

3ème boucle (20km, 300 D) - Le combat contre les rigoles

Le soleil se lève, la ville s'éveille petit à petit, nous rencontrons des promeneurs, des vététistes. La pluie commencent à faire son apparition sans être genante au contraire elle rafraîchit nos esprits.
Je ne ressens aucun sommeil, j'ai l'impression d'avoir passé une bonne nuit, ma tête est lucide, mais mes jambes beaucoup moins, elles sont aussi souples que les branches mortes. Dans les premiers kilomètres nous arrivons à courir, nous avons un bon rythme puis peu à peu ça se dégrade, la sortie longue devient peu une longue randonnée entrecoupé de moments de course. Les dix premières kilomètres de la dernière boucle sont bien avalés, mais les dix suivants ressemblent à un bagne.
Au fur à mesure que nous nous enfonçons dans la forêt, nous devenons moins lucides. Parfois nous perdons la trace du chemin.
Les rigoles deviennent des difficultés à surmonter, en début de course, les rigoles c'était " finger in the nose", on fait un joli saut et c'est bon. Mais après 10h de course, avec les jambes endolories et raides, chaque rigole de traversé est un exploit, une victoire.
Même si je ne ressens pas le sommeil, la fatigue me fait confondre des branches, des arbres pour des gens. J'espère à chaque fois rencontrer les bénévoles qui nous annonceront qu'il ne reste que 5km à faire.
Le paysage devient monotone, des arbres partout, des fougères séchées partout, encore des montées, des descentes, des rigoles, de la boue, on impression de trainer des kilos de boue sur chaque chaussure. Je ne fais plus attention où je mets les pieds, tant pis pour l'eau et la boue, du moment où j'avance…
Même si mes jambes me font souffrir j'ai tout de même de la chance de pouvoir courir, vivre de formidable aventure, j'ai une pensée envers les personnes atteintes de myopathies, j'espère qu'un jour un remède leur donnera la possibilité de courir.
Qu'est ce que les dix dernières kilomètres étaient longues ! Je commençais à avoir faim, mais je ne peux plus avaler les barres, le sucré m'écœure. Heureusement que nous étions deux pour se motiver à avancer.
On marche, on court, on marche, on court … Je me retrouve encore une fois en errance chez Hadès, mais cette fois-ci c'est plus encore plus réaliste, avec le froid, l'humidité, le sol boueux, le paysage automnal et la végétation sans fin …
Après 4h d'errements matinale, nous revenons enfin à Le Perray, à quelques centaines de mètres de l'arrivée, nous décidons de courir pour terminer la course en beauté.
A 11h47, après 13h47 de course, nous atteignons le gymnase, les bénévoles nous congratulent, nous voilà devenus finishers de l'Origole! Quel soulagement! Je suis arrivé avant dernier des finishers, 110ème sur 111 finishers (près de 60% d'abandon). La solidarité a encore remporté une victoire. Nicolas sera également présent sur l'Ecotrail de Paris. Merci pour ton aide, Nicolas.

Épilogue

Pour mon premier ultra-trail, je m'en suis pris plein la figure… Cette dernière course de l'année m'a achevé. Je suis vidé. Je n'ai jamais vécu une épreuve aussi dure et aussi intense.
Cependant je suis heureux d'avoir fini cette course, d'avoir su gérer les moments difficiles et d'aller puiser au fond de moi-même pour ne jamais abandonner ou me faire éliminer.
Malgré une préparation quasiment nulle, j'ai pu entretenir ma motivation pour terminer l'Origole. A aucun moment l'abandon a traversé mon esprit. A aucun moment la flamme qui me poussait à avancer ne s'est éteinte. J'ai supplié, exhorté, encouragé mon corps à avancer et ce dernier a aidé mon esprit à rester combattif et positif.
Mon esprit et mon corps se sont unifiés pour m'aider à surmonter les difficultés, à vaincre les barrières horaires et à vaincre le dénivelé, la boue et les conditions météorologiques.
L'Origole est une course merveilleuse à taille humaine (environ 500 coureurs pour le 30km et le 75km), nous sommes loin des courses de masse où les marques se mettent en avant. L'organisation est impeccable, les bénévoles chaleureux et généreux. J'espère que l'édition de nuit pourra se maintenir dans les années à venir. J'ai beaucoup apprécié cette course, j'ai bien rigolé :-).

En analysant ma course je pense que j'avais fait le maximum, j'ai donné tout ce que j'ai pu, je n'ai fait aucune erreur dans ma gestion de course, dans ma gestion de ravitaillement (je n'ai pas connu de fringale) et dans ma gestion du matériel. Sur mes précédentes courses j'avais toujours des regrets sur certains points, là j'ai le sentiment d'avoir effectué la course parfaite. Je ne pouvais mieux faire.

J'ai franchi une nouvelle étape dans ma pratique de la course à pied avec l'Origole, je sais désormais mieux gérer mes ravitaillements et mes moments de faiblesses. Mais des questions surgissent, ce que je fais est bénéfique pour ma santé ? Mon corps ne peut être continuellement poussé au bout, quelles seront les conséquences à longue terme ? Quelles sont les limites à ne pas dépassées ? Je pense que ma pratique de la course à pied est à la limite du raisonnable. Mais j'ai besoin d'expérimenter pour mieux me connaître.

A J+3, les douleurs aux jambes s'estompent, je peux recommencer à marcher normalement. Je vais désormais prendre quelques semaines de repos …

Pour mon prochain ultrail je retrouverai mon compagnon de route Gilles (tu avais raison de dire que l'Origole c'est plus dur que Millau) sur la tour Eiffel ;-). Et comme j'aime me challenger je vise 10h pour l'Ecotrail (je surestime toujours mes capacités :-).



lundi 7 décembre 2009

Séance de pédicure

Pour bichonner mes pauvres orteils j'ai effectué une séance de pédicure. J'ai eu des hématomes sous-ungéal (ongle rouge) important, mes gros orteils sont bien gonflés. J'ai décidé de les percer, je n'ai pas de choix cela me fait trop mal. Je vous partage ma séance de soin spa des ongles :), car peut être qu'un jour vous en aurez besoin également.

Matériels :
- trombone (de préférence), j'ai essayé avec une aiguille ça ne marche pas très bien
- briquet, plaque à gaz
- lunettes de soleil

La première étape consiste à faire chauffer le trombone jusqu'à ce que le bout devienne rouge (2-3 minutes) mettez les lunettes de soleil, sinon vous risquez de rien voir quand vous visez l'ongle.
Ensuite retirer les lunettes et viser l'endroit que vous avez prédéfini.
Comme j'effectue cette opération pour la première fois, je suis allé petit à petit, c'est pas évident de forcer sur son ongle avec un trombone chauffé à rouge ! Je me suis pris à 6 ou 7 reprises pour pouvoir le percer (au début j'étais ébloui par la flamme, puis j'ai mal visé le trou déjà commencé ...). La structure de l'ongle est la même que celui des cheveux (kératine), l'odeur dégagé lors du perçage est la même que quand on brûle quelques cheveux.
Ne craignez pas le trombone chauffé, le sang écoulé va le refroidir immédiatement.
L'opération a l'air "barbare" mais c'est indolore ! ! On ne sent rien du tout ! Et le soulagement est immédiat.



Origole J+1

Merci pour vos encourageants et vos mots de félicitations.
Dur, dur la journée suivante, déjà que j'avais un mal fou après la course à me déshabiller, à prendre la douche, à m'habiller et à aller prendre le train, le métro.
Le réveil ce matin a été douloureux, il m'a fallu quelques minutes pour me mettre debout, trainer mes jambes pour prendre le petit déjeuner, me laver était un sacré défi. Je suis incapable de me baisser pour ramasser un objet tombé par terre. Mettre un pantalon, enfiler mes chaussettes et mes chaussures c'est très amusant, monter sur le vélo et descendre de vélo aussi (je peux par contre pédaler à faible vitesse sans problème).
Tous les muscles de mes jambes me font souffrir, les muscles des plantes de pied, des orteils, les adducteurs, les quadriceps, une partie des abdos ..., ils me rappellent que j'ai trop fait la fête ce week end.
Pour instant les douleurs musculaires masquent les autres douleurs mais en principe je n'ai pas eu de blessure au niveau des tendons et des ligaments.

Sinon au niveau du résultat officiel mon temps est de 13h47min mon classement 109/110 sur 113, avec un partenaire de course, nous avons fini ensemble, nous avons partagé de longs kilomètres ...Le pourcentage d'abandon est proche de 60% cette année.

dimanche 6 décembre 2009

L'origole : j'ai tellement rigolé que j'ai mal partout

Je suis allé au bout de moi même pour devenir un finisher de l'Origole ! Je finis dans les 10 derniers, mais qu'est ce que je suis content d'avoir fini ! Courir de nuit est vraiment magnifique, une expérience à vivre.
J'ai bataillé pendant 13h50, de 22h00 du soir à 12h, midi le jour suivant. Chaque boucle était un combat contre le temps. Les barrières d'horaire sont durs !
Comme prévu le terrain était très gras ! Dur de maintenir ses appuis, tous les muscles sont sollicités. Le terrain est vallonné.
A cause de la nature du terrain, mes jambes sont douloureuses, beaucoup plus qu'après le marathon et qu'après Millau. Pour moi c'est la course la plus dure que j'ai vécu. C'est comme faire 3 fois les 25 bosses avec de la boue !
En fait courir de nuit ne donne pas envie de dormir, comme pour les jambes c'est après la course, lorsqu'on s'arrête que l'envie de dormir nous rattrape et nous assomme.
A l'heure où j'écris ce billet, je suis comme un zombie, j'ai la démarche du zombie, lente et raide, j'ai une tête de zombie (yeux rouges, cerne). Il va me falloir du temps pour que je récupère complètement avant une reprise. Je suis incapable de penser à courir une course, j'ai une overdose de la cap.
Je me suis pesé : 72.9 kg (au départ 73.5kg), la perte de poids est minime, les ravitaillements ont remplis leur rôle en maintenant mon équilibre corporel (a l'heure actuellement penser au sucré m'écoeure). J'ai dépensé environ 11000 kcal. Et une chose importante, j'ai amené tous mes ongles d'orteil à l'arrivée, je n'ai laissé aucun sur la route!
Pour moi faire une course comme l'UTMB ou le GRP, il faut être vraiment taré ! (Mais bon dans quelques jours mon opinion sera différente :).

Prochainement je vous ferai part de mon compte rendu détaillé.

samedi 5 décembre 2009

Le jour J

Merci pour vos encouragements !

Il a beaucoup plu ce matin, la météo annonce la pluie pour la nuit ça va être fun :), une course épique :)
A 18h j'ai pris un bon plat de pâtes. J'ai chargé mon sac de vêtements de rechange pour chaque boucle.
Je suis un peu nerveux à quelques heures du départ.

Bonne soirée ! A bientôt.

Avant de partir je pèse 73.5 kg. Mon sac avec les provisions + eau = 2.7 kg. Avec l'équipement (chaussure + vêtements) au complet je suis à 77-78kg.

vendredi 4 décembre 2009

Origole J-1

Par rapport à mes autres défis où je planifiais mes entrainements longtemps à l'avance. Pour l'Origole, c'est un défi particulier, j'ai beaucoup hésité, je me suis vraiment décidé à le faire que depuis quelques semaines, je n'ai pas effectué de préparation pour.
Sans être physiquement au top, j'ai beaucoup de doutes. A J-1, plusieurs sentiments se mélangent dans ma tête. D'un côté je suis excité à l'idée de participer à mon premier trail de plus un trail nocturne, de courir la nuit, de repartir à l'aventure. De l'autre côté je suis anxieux, je ne suis pas du tout en forme, je ressens beaucoup de fatigue, je n'ai pas couru depuis samedi dernier, j'arrive à peine à faire 1km de natation dernièrement. J'utilise toutes les méthodes de préparation mentale pour rester au top et motiver à fond et pour combattre mes moments de doutes.
La citation de Albert Camus peut bien résumer l'état d'esprit à avoir :
"En vérité, le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à tout."

Ce n'est pas parce que je ne suis pas top que je ne vais pas me challenger. Je me suis fixé trois plans :
Plan A => finir en moins de 10h; si je n'arrive pas, j'active le plan B (Après la course : 10h, j'étais fou de penser que je pouvais faire 10h !! Ahahahah !)
Plan B => finir avant 10h du matin (12h de course). Mon temps sera proche de 12h de course.
Plan D(débrouille) => finir la course !
L'abandon ne fait pas parti de mes plans :). De tout façon plus je finis tôt, plus tôt je serai au chaud dans ma couette (ça motive).

Sinon je ferai attention à mon ravitaillement, les erreurs à Millau m'ont servi de leçon où j'ai eu deux fringales à cause d'une mauvaise gestion des ravitaillements.

Voilà tout est prêt, tout est planifié, tout est pensé, il ne reste qu'à ...

mercredi 2 décembre 2009

Pourquoi un ultra trail nocturne peut être difficile?

Un ultra trail ou une course nocturne est exigeant physiologiquement et mentalement.
Courir la nuit dérègle notre organisme, notre biorythme, nous sommes "programmé" pour dormir la nuit et s'activer la journée.
La performance sportive est liée à la variation de la température corporelle, elle croit tout au long de la journée : au minimum vers 4h et au maximum vers 16h. C'est entre 12 et 18h que le fonctionnement musculaire est optimal. La cortisone est à son plus haut niveau ainsi que la lipolyse et la glycolyse. Ainsi que la conduction nerveuse qui est plus rapide (on est plus intelligent :).

Pendant la nuit physiologiquement, nous sommes confrontés :
1) à l'hypothermie, si la pluie est de la partie, les chances de terminer diminuent,
2) à la baisse de la vigilance (nos neurones tournent au ralentis), une blessure peut vite arriver ou un égarement qui oblige à revenir sur nos pas.

Selon les statistiques, il y a un fort risque d'accident (travail, circulation) après minuit, la température corporelle est au plus bas, ainsi que la concentration, la vigilance => Titanic, Tchernobyl, Bhopal ...

Pour éviter d'avoir froid je me suis procuré des chaufferettes auto chauffante qui dure 5h si j'ai une hypothermie.

D'après la météo il va pleuvoir samedi, le terrain risque d'être gras sur l'Origole.

Un peu de motivation ...